Il y a très, très longtemps, alors que j’étais étudiant de premier cycle et que j’avais la vague intention de faire des études supérieures, j’ai lu What is History ? de E.H. Carr. C’était un petit livre, mais il avait du punch. Je n’ai jamais oublié une idée en particulier : les historiens, disait-il, ont un grand nombre d’abeilles dans leur bonnet. Ces abeilles sont profondément personnelles (par exemple, ont-ils grandi avec une cuillère en argent ou viennent-ils d’un milieu ouvrier ?) et profondément sociales (ont-ils écrit leur livre pendant un moment de bouleversement social ou même en temps de guerre ? « Quand vous lisez un ouvrage d’histoire, conseille Carr, écoutez toujours le bourdonnement ». Dans mes recherches sur l’histoire de l’écriture historique et sur l’histoire de la profession d’historien.ne au Canada anglais, j’essaie d’écouter le bourdonnement.
Oh, c’est une question difficile. J’admire différents historien.ne.s pour différentes raisons : Adele Perry, parce qu’elle est très intelligente ; Ged Martin, parce qu’il est très curieux ; Bryan Palmer, parce qu’il est très intéressant ; Greg Kealey, parce qu’il a su allier leadership et érudition ; Amani Whitfield, parce que son Biographical Dictionary of Enslaved Black People in the Maritimes est tout à fait brillant ; Megan Davies, parce qu’elle est très créative dans sa façon de communiquer ses recherches ; et Funké Aladejebi, parce qu’elle pousse l’histoire canadienne dans des directions vraiment importantes. Mais qui est mon historien préféré ? Aujourd’hui, c’est Ramsay Cook. Demain, ce sera peut-être quelqu’un d’autre. Mais pour l’instant, c’est Ramsay parce qu’il a incarné les caractéristiques énumérées ci-dessus : l’intelligence, la curiosité, la clarté de l’écriture et, par le biais du Dictionnaire biographique du Canada, un engagement envers le leadership universitaire et l’élargissement de l’histoire du Canada. Alors que je fais présentement des recherches et que j’écris un livre sur lui, je continue à écouter le bourdonnement. Par coïncidence, il a écrit l’entrée du DCB pour William Allen Pringle, un libre penseur et apiculteur du XIXe siècle.
Lors d’une de nos dernières conversations, j’ai posé la même question à Ramsay. Sa réponse m’a surpris. . John W. Dafoe and the Free Press, a-t-il dit. Pourquoi votre premier livre, lui ai-je demandé ? Parce que je n’avais jamais pensé que j’écrirais un livre, mais voir mon nom sur la couverture m’a confirmé que je pouvais le faire, et que j’avais peut-être quelque chose à dire après tout. J’ai bien compris ce qu’il voulait dire. Je veux dire que je peux encore ressentir l’excitation de voir mon nom sur la couverture de mon premier livre. Mais relire The Professionalization of History in English Canada me fait grimacer ! Qu’est-ce qui t’a pris ? Voulais-tu vraiment dire cela ? Tout cela pour dire que je suis très fier non pas de mon premier livre, mais de mon plus récent : Canada : A Very Short Introduction (Oxford, 2020). C’était une tâche difficile – le Canada, de ses débuts précambriens à aujourd’hui, en seulement 35 000 mots – mais une tâche fascinante parce qu’elle m’a obligé à réfléchir à la synthèse et à la façon d’écrire une synthèse. Ai-je réussi ? À vous de juger. Mais l’autre jour, j’ai reçu un charmant courriel d’une personne retraitée qui a acheté le livre chez son libraire, l’a lu en une ou deux séances et s’est sentie obligée de m’écrire.
Bien sûr, je ne suis pas encore président. Mais je vois des défis se profiler à l’horizon : les membres, la réunion annuelle, l’avenir du doctorat en histoire, la précarité, l’accès, la réconciliation, l’EDI et ce qu’on pourrait appeler, faute d’un meilleur terme, toute l’affaire du français-anglais. Je ne prétends pas avoir les réponses. Mais je sais qu’il y a beaucoup de gens très intelligents et qu’il y a beaucoup de bonne volonté dans la profession. Et pour avoir écrit une courte histoire de la SHC et, plus récemment, une histoire des discours présidentiels de la SHC, je sais que certains de ces problèmes sont historiques et que la SHC n’a cessé de se renforcer. En d’autres termes, je trouve beaucoup de réconfort dans l’histoire de la SHC, dans sa capacité de s’adapter, à expérimenter et à continuer à rédiger une autre demande de subvention, à organiser une autre réunion annuelle et à publier une autre revue.
Participez. Portez-vous volontaire pour siéger à un comité. Faites-vous entendre. C’est gratifiant, voire amusant. Vraiment.
Prédire l’avenir est un jeu de dupes. Mais c’est parti. Le changement climatique. Il va façonner nos programmes de recherche, déterminer les questions que nous posons dans les archives et orienter les choix que nous faisons en tant que société (pouvons-nous maintenir une réunion annuelle en personne en cas de crise climatique ?) et en tant qu’individus (dois-je dépenser mon budget carbone pour un vol vers Vancouver afin de faire une présentation de vingt minutes sur un aspect de ma recherche ?)
Ma question serait : « Qu’est-ce qui vous a incité à renoncer à tout ce temps d’enseignement et de recherche pour diriger la SHC ? » Ma réponse est la suivante : je crois passionnément à l’importance de l’histoire et au rôle de la SHC dans la défense et la promotion de la pratique de l’histoire au Canada.