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Le gouvernement fédéral doit veiller à ce que les dossiers des pensionnats indiens soient accessibles aux chercheurs et aux survivants

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Ottawa, le 15 décembre 2021

 

Cher premier ministre Justin Trudeau,

La Société historique du Canada (SHC) est très préoccupée par la récente nouvelle selon laquelle certains documents relatifs au fonctionnement du système des pensionnats indiens au Canada aient été transférés à l’extérieur du pays par l’Église catholique romaine. Bien que nous reconnaissions la nature internationale de cette importante institution religieuse, et compte tenu des demandes constantes de l’Église de rendre accessibles tous les documents relatifs à ces écoles, nous sommes consternés par cette décision de limiter, volontairement ou par inadvertance, l’accès à ces documents essentiels en les déplaçant à Rome. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une réticence plus large de la part des institutions religieuses à ouvrir leurs archives aux chercheurs.  Nous demandons donc que des dispositions soient prises pour permettre aux chercheurs de les consulter ici au Canada.

L’accès à l’information est l’un des plus grands défis auxquels sont confrontés les chercheurs qui cherchent à trouver des réponses à des questions sociétales urgentes sur l’histoire des pensionnats indiens. Bien qu’ils soient tous sous la juridiction du Saint-Siège, les nombreux ordres religieux catholiques romains qui ont géré, ou aidé à gérer, les pensionnats indiens ne disposent pas d’un dépôt centralisé de documents. Ces documents ne sont pas non plus librement accessibles à tous. Au contraire, chaque collection a ses propres conditions particulières d’accès. Par exemple, alors que les Missionnaires Oblats de Marie-Immaculée ont fait don d’un certain nombre de documents aux Archives de la Colombie-Britannique en 2019 qui sont actuellement en cours de numérisation, les Sœurs de Sainte-Anne ont leurs propres archives dont l’accès, bien qu’elles soient situées physiquement dans le même bâtiment que les Archives de la Colombie-Britannique, est limité. Par conséquent, l’une des archives est accessible et l’autre ne l’est pas. Il existe d’autres obstacles à l’accès au Canada, mais la relocalisation des dossiers des pensionnats indiens à Rome est inacceptable à un moment où les peuples autochtones, comme tous les Canadiens, cherchent des réponses.

Bien que le retrait de statues controversées ait fait l’objet de nombreux débats publics ces dernières années, la véritable menace pour l’histoire du Canada est la destruction et le retrait de documents d’importance historique ainsi que les obstacles à l’accès aux archives publiques causés par le sous-financement chronique et les réductions de services.

Les documents d’archives sont essentiels à notre compréhension du passé du Canada. Ils offrent un aperçu des motivations et des actes du passé ainsi que de leurs conséquences sociales. Dans le cas de ce qui s’est passé dans les pensionnats indiens, la vérité est une condition préalable à la réconciliation.

Ce qui est préservé et ce qui ne l’est pas est hautement politique et façonne profondément ce que nous savons de notre histoire. Il existe un lien direct entre le savoir et le pouvoir.

La Société historique du Canada demande au gouvernement fédéral de veiller à ce que les dossiers historiques sur les pensionnats indiens, détenus par le gouvernement, les institutions d’archives ou les institutions religieuses, soient entièrement accessibles aux chercheurs et aux communautés de survivants. Nous espérons ardemment que vous pourrez faire preuve de leadership sur cette question très importante.

Veuillez agréer, Monsieur le premier ministre, l’expression de nos sentiments distingués,

Steven High, président de la Société historique du Canada
Daniel Sims, membre du conseil responsable des interventions publiques de la SHC