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Shannon Stunden Bower

Prix du meilleur article ou chapitre de livre de la Nouvelle initiative canadienne en histoire de l’environnement

2021

Shannon Stunden Bower, “Irrigation Infrastructure, Technocratic Faith, and Irregularities of Vision: Canada’s Prairie Farm Rehabilitation Administration in Ghana, 1965– 1970,” Agricultural History 93: 2 (2019), 311-340.

La brillante analyse de Shannon Stunden Bower sur les innombrables lacunes des projets de développement canadiens au Ghana postcolonial nous rappelle que l’histoire de l’environnement transcende les frontières nationales. Cette étude de cas transnationale se concentre sur les projets de barrage et d’irrigation menés par l’Administration du rétablissement agricole des Prairies (ARAP) – créée en 1935 en réponse à la sécheresse et à la dépression économique dans les provinces des Prairies canadiennes – dans la région de l’arrière-pays du nord du Ghana à la fin des années 1960, période politiquement turbulente. En montrant comment l’héritage des fonctionnaires de l’ARAP, qui ont agi en tant qu’agents du colonialisme de peuplement dans l’Ouest canadien au début du XXe siècle, a profondément influencé l’approche myope de l’institution en matière de conservation de l’eau et de développement agricole en Afrique occidentale, Stunden Bower met en évidence des formes de colonialisme contrastées mais liées entre le Nord et le Sud.

Des tensions sont rapidement apparues entre les travailleurs de l’ARAP et la population locale en raison d’une série de facteurs – y compris les pressions de l’époque de la guerre froide visant à devancer l’Union soviétique dans la modernisation des États nouvellement indépendants ainsi que la réalisation que les ingénieurs canadiens qui ont déménagé toute leur famille dans le nord du Ghana étaient plus soucieux de recréer le confort de leur foyer que d’apprendre les spécificités des pratiques d’utilisation des terres, de l’écologie ou de l’hydrologie de la région. En conséquence, les recommandations de l’ARAP avaient tendance à reprendre les leçons apprises des décennies plus tôt dans les prairies arides d’Amérique du Nord, sans être suffisamment adaptées aux circonstances locales ni bénéficier de la contribution des experts locaux. Après quelques années frustrantes, l’ARAP s’est retirée du nord du Ghana, laissant son travail inachevé. Non seulement ces projets inachevés représentent l’échec de l’ARAP, mais ils ont également contribué à une prévalence accrue des maladies contagieuses dans la région. Dans son argumentation, Stunden Bower intègre l’histoire du climat, des maladies, de l’ingénierie, de la diplomatie de la guerre froide et de la décolonisation, tout en s’engageant de manière critique dans les intersections des études sur la race, l’environnement et le développement international. Bien qu’il existe de nombreuses études sur les flux naturels qui traverse la frontière canadienne (oiseaux migrateurs, eau, pollution), l’article de Stunden Bower devrait servir de réveil aux historiens canadiens de l’environnement, les implorant de considérer les changements environnementaux que le gouvernement, l’armée et les entreprises canadiennes ont provoqués à l’étranger.