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Atelier – En quoi consiste une bonne recension de livre ?

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Les recensions de livres constituent une partie importante du discours universitaire. Mais en quoi consiste une bonne recension de livre ? S’il y a plus qu’une seule bonne réponse à cette question, il y en a également plusieurs de mauvaises. Cet atelier abordera les bases de la rédaction d’une bonne critique de livre, de l’invitation initiale à la soumission finale.

Donald Wright est vice-président de la SHC et a été rédacteur en chef  des recensions de la Canadian Historical Review de 2016 à 2022.

Le premier atelier de développement professionnel virtuel de la Société historique du Canada a été un franc succès. Dr. Donald Wright y a expliqué les tenants et aboutissants d’une bonne recension de livre.

Quel est le but d’une telle recension ? Dr. Wright soutient que les recensions de livres font progresser les connaissances. Possiblement idéaliste, admet-il, mais il a appris « une tonne » grâce aux recensions de ses propres livres. Quelques-unes étaient critiques, voire « blessantes », mais elles l’ont aidé dans sa continuation. À un certain moment, il s’est même entretenu avec un recenseur, dans l’espoir de comprendre comment s’améliorer et où il s’était trompé.

Les recensions de livres constituent une source primaire pour les historiennes et historiens, en particulier celles et ceux s’intéressent à l’historiographie. Pendant ses études doctorales, Wright a créé une archive de recensions de livres, surtout celles des années 1920 et 1930, pour ce qu’elles pouvaient lui apprendre sur les normes émergentes dans le domaine. Pour son livre sur l’historien Donald Creighton, il a rassemblé les recensions de ses ouvrages et a constaté comment ses travaux étaient accueillis et contestés. Comme toute source primaire, les critiques peuvent être lues de plusieurs façons — historiographiquement, biographiquement ou en analysant leurs silences et omissions.

Selon Wright, l’aspect le plus important pour une bonne recension de livre est qu’elle devrait indiquer au lecteur le sujet de l’ouvrage et pourquoi devrait-il le lire ou non. Il est étonnant de constater le nombre d’auteurs qui ne le faisaient pas, et il lui est souvent arrivé de renvoyer la recension avec ce commentaire : « Veuillez résumer le contenu du livre ». L’une des raisons pour lesquelles nous les lisons est que nous ne pouvons pas tout lire — mais nous pouvons lire toutes les recensions. Cela permet aux universitaires de se mettre à jour dans leur domaine d’attache et sur leurs intérêts connexes, mais cela ne fonctionne pas s’il n’y a pas de résumé.

Dr. Wright a demandé à certains de ses collègues ce qu’ils pensaient qu’une recension devrait contenir. Certaines réponses : un compte-rendu devrait situer le livre dans l’historiographie, évaluer ses sources, discuter de ses fondements théoriques et susciter un intérêt pour le livre. Toutefois, bien que le résumé soit important, il faut aller au-delà. Il faut le lier à la production scientifique qui n’a pas été suffisamment reconnue par la profession et valoriser et légitimer de nouvelles façons de connaître et de réfléchir sur le passé.

Les recensions comptent généralement entre 750 et 850 mots, mais elles peuvent être d’un maximum de 1 000 mots ou d’un minimum de 600. Comme une recension ne peut pas tout dire, il faut faire des choix. On peut se concentrer sur les sources, la méthodologie, la théorie, créer un intérêt, les innovations épistémologiques ou autres. Il n’y a pas de réponse unique à ce qu’on devrait trouver dans une recension, à l’exception de cet important résumé. Il faut faire des choix pour donner de la cohérence à la recension.

Il faut aussi considérer ce qu’une critique ne doit pas faire. Elle ne doit pas être une attaque en règle — même les pires livres ont au moins un point positif. Contactez l’éditeur. Les critiques découvrant qu’ils travaillent avec un livre exceptionnellement mauvais devraient le renvoyer. Il arrive que les critiques décrivent le livre qu’ils auraient aimé lire plutôt que le livre qu’ils ont lu. Et Wright a précisé qu’il déteste les clichés et qu’il faut les éviter dans l’écriture. Des passages comme « ajout bienvenu », « tout le monde devrait lire ce livre », « brillamment argumenté », « sensible » et « brillant » sont tous surutilisés.

Wright a recommandé quelques astuces. Tout d’abord, n’oubliez pas votre lecteur. Adaptez la recension à la revue. Wright a dit qu’il aime les critiques avec une introduction accrocheuse et une observation pour intéresser le lecteur. Une bonne phrase conclusive est également utile. Essayez d’intégrer le titre et la quatrième de couverture dans la critique, elles peuvent être utilisées à bon escient.

Enfin, Wright a donné quelques conseils importants aux étudiants gradués et aux jeunes chercheurs. Suivez les lignes directrices pour les auteurs. Il a déclaré qu’il était étonnant de voir combien de chercheurs lui envoyaient des textes de 750 mots et s’attendaient à ce qu’il corrige le tout. Respectez la date limite. Sinon, faites-le savoir à l’éditeur. Ne l’ignorez pas, rien n’est plus frustrant.

Sur ce, Dr. Wright a donné la parole aux participants, qui ont débattu de plusieurs questions : Pourquoi lire une critique de livre ? Qu’aimez-vous voir dans une recension ? Faut-il proposer une recension ? Comment ? Qui devrait l’écrire ?

La discussion a été animée et instructive, les participants partageant leurs questions, commentaires et expériences sur les recensions. L’atelier a été un franc succès et la SHC remercie Donald Wright d’avoir partagé son temps, de même que tous les autres participants pour leur enthousiasme.

L’enregistrement de l’atelier est affiché sur la chaîne YouTube de la SHC @ https://youtu.be/4WyQBQY-fBM.

Transcription de l’atelier