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Atelier – La rédaction d’une thèse ou d’un livre : échange sur la gestion d’un projet d’envergure

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Cet atelier en français – et pouvant accueillir des questions en anglais – vise à sonder les préoccupations, les questions et les bonnes pratiques chez les participants autour des manières de réaliser une thèse ou d’écrire un livre à l’intérieur des délais prescrits. La tenue minutieuse d’une bibliographie de lectures prioritaires et d’un fichier Excel pour mesurer le temps à consacrer à chacune des tâches fera partie des conseils pratiques qui seront partagés. J’aurai aussi des questions pour les participants, qui auront aussi, sans aucun doute, des conseils complémentaires à partager avec le groupe. Après l’écriture de 5 livres (dont 2 inspirés de mes thèses et une collaboration à deux), j’ai raffiné une méthode de travail qui m’est propre, mais qui pourrait aussi donner des idées aux doctorant.e.s et aux jeunes chercheurs afin de les accompagner pour qu’ils/elles trouvent « leur » méthode de travail, en vue de devenir professeur.e, auteur.e, fonctionnaire ou consultant.e. J’insisterai sur le besoin d’être efficace, flexible, rigoureux et intègre.

Né à Sudbury, Serge Dupuis, PhD, est membre associé de la CEFAN de l’Université Laval; il offre des services de recherche, d’écriture, de formation et d’accompagnement en lien avec l’histoire politique et institutionnelle des francophonies nord-américaines. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter le SergeDupuis.com.

Le 3 novembre 2022, la SHC a eu la chance d’accueillir Serge Dupuis dans le cadre de son troisième atelier virtuel de développement professionnel, intitulé La rédaction d’une thèse ou d’un livre : échange sur la gestion d’un projet d’envergure. Titulaire d’un doctorat de l’Université Waterloo, Serge Dupuis a complété un postdoctorat à l’Université Laval et est associé à sa Chaire pour le développement de la recherche sur la culture d’expression française en Amérique du Nord (CEFAN). Il offre aujourd’hui de manière indépendante des services de recherche et de rédaction historiques. Cet atelier a donné lieu à des discussions stimulantes sur la manière d’aborder avec succès de vastes projets pour toute la communauté historienne.

Dupuis a commencé en rappelant que, s’il faut être passionné pour mener à bien des études et des projets historiques, ce n’est pas suffisant. Il faut également avoir les moyens et les ressources pour ce faire, afin d’arriver à bon port dans les délais prescrits. Le temps est névralgique dans le cadre de tout projet. C’est dans cette logique qu’il a présenté sa méthode de travail, élaborée tout au long de sa carrière, pour stimuler des réflexions sur celle de chacun des participants.

À la fin de chaque lecture, M. Dupuis propose à tout chercheur de se poser la question suivante : s’il ne m’en restait qu’une seule à faire avant d’aller de l’avant dans mon projet, quelle serait-elle ? Répondre à cette question permet non seulement d’optimiser son travail, mais également de réévaluer ses priorités à la lumière d’angles de recherche changeants. Il en va de même pour les monographies, les thèses et les mémoires, dont il est primordial de cerner les sections essentielles à leur argumentaire. Comme le répète M. Dupuis, « il ne faut pas foncer dans le tas ». Dans un contexte de temps et de financement limités, cette méthode a le double avantage de permettre de réorienter ses recherches en fonction du travail accompli et de se concentrer directement sur le projet concret. Toute information supplémentaire extraite des lectures peut être mise dans un fichier séparé — que M. Dupuis appelle le « frigo » — qui peut être consulté si nécessaire, sans que cela soit essentiel.

Bien organiser son temps signifie également qu’il faut planifier efficacement son horaire de travail. Il faut bien cerner les moments de la journée où on est le plus productif pour bien les mettre à profit. Pour M. Dupuis, cela se traduit par des matinées consacrées à l’écriture et l’après-midi, à d’autres tâches comme la lecture, la recherche ou des rencontres. Il met l’accent sur le fait qu’un chercheur n’a que cinq à sept heures d’attention optimale dans une journée, qu’il faut utiliser pour les tâches les plus essentielles. S’épuiser à écrire pendant de longues heures distraites court le risque d’être contre-productif : quitte à faire un travail qui devra inévitablement être réécrit, mieux vaut s’assurer de le faire dans ses périodes de concentration. Il faut donc être indulgent avec soi-même : si la tête n’y est pas dans une journée d’écriture, pourquoi ne pas se concentrer sur d’autres tâches et y revenir le lendemain ?

Dupuis rappelle qu’il est également important de ne pas sous-estimer le nombre d’heures passées sur un projet. À titre de chercheur indépendant expérimenté, un projet de monographie lui prend entre 12 et 14 mois ; il estime qu’un premier projet de la sorte prendrait 24 mois. M. Dupuis sépare le processus en sept grandes étapes : 1) la recherche exploratoire, 2) la première étape de recherche, 3) l’organisation, l’analyse et l’écriture, 4) la seconde étape de recherche, 5) la mise en récit, 6) l’édition du manuscrit et 7) la publication du livre. Cette démarche reflète deux conseils majeurs que met de l’avant M. Dupuis. Premièrement, il est essentiel de retourner à ses sources une deuxième fois pour orienter et compléter sa recherche. Deuxièmement, la mise en récit est une étape essentielle pour adapter un travail académique à son auditoire.

Enfin, M. Dupuis met un fort accent sur la nécessité de calculer le nombre d’heures consacrées à chaque tâche effectuée dans un projet. De cette manière, il est possible de planifier plus efficacement son temps en connaissance de cause. De plus, dans le cadre d’un travail contractuel, c’est la meilleure manière d’éviter d’être grandement sous-rémunéré en raison d’une sous-évaluation importante du nombre d’heures nécessaires à l’achèvement du projet.

S’agit-il de la seule méthode de travail efficace pour réaliser un projet de grande envergure ? Bien sûr que non, soutient d’emblée Serge Dupuis. Reste qu’elle met de l’avant des considérations essentielles qu’il est possible d’oublier dans la passion d’un chercheur envers son objet d’étude — et qui doivent être gardées en tête pour assurer un équilibre sain. Cet atelier de la SHC a été une occasion unique de réfléchir sur sa méthodologie de recherche à partir de l’expérience d’un chercheur accompli et généreux de son temps.

L’enregistrement de l’atelier est disponible sur la chaîne YouTube de la SHC.