La transition vers un monde post-pandémique a fait naître de nouveaux défis pour les chercheur.e.s individuel.le.s et les organisations qui militent en faveur du changement social. En période de crise économique croissante, nous sommes confronté.e.s à des changements climatiques majeurs, à des inégalités croissantes ainsi qu’à l’émergence de nouvelles forces conservatrices et totalitaires qui sapent la règle de la démocratie dans toutes les régions du monde, y compris au Canada. La nécessité de développer des recherches innovantes et des solutions communautaires qui abordent et situent ces questions dans un contexte historique et politique plus large est plus importante que jamais. Cet atelier s’adresse à tous ceux et celles qui souhaitent en savoir plus sur la rédaction de demandes de subventions pour le changement social. Nous parlerons des étapes concrètes à suivre pour rédiger une proposition de subvention gagnante, de la différence entre la rédaction d’une subvention et la collecte de fonds, ainsi que de la recherche de possibilités et des différents types de subventions par lesquels un projet communautaire peut être financé.
Le mercredi 19 octobre 2022
12h00-13h30, heure de l’Est
Atelier de langue anglaise
Andrea Prajerova est chercheuse, écrivaine et éducatrice, passionnée par la promotion des questions relatives aux femmes, aux jeunes et aux personnes 2SLGBTQ+ à travers une optique intersectionnelle, antiraciste et anti-oppression. Son expertise se situe à l’intersection de multiples domaines d’intérêt, notamment le suivi et l’évaluation féministes, le développement durable des fonds et les questions critiques de santé, de genre et de reproduction dans des contextes mondialisés et historiques.
Le mercredi 19 octobre 2022, la Société historique du Canada a été très heureuse d’accueillir le deuxième atelier de sa série de tables rondes et d’ateliers virtuels de 2022-2023. S’adressant à nous depuis les territoires algonquins non cédés d’Ottawa, Andrea Prajerov (qui a également publié sous le nom de Prajerová) est une chercheuse, écrivaine et éducatrice féministe queer, qui rédige des demandes de subvention pour des organismes sans but lucratif et le monde universitaire au nom des femmes, des jeunes et des personnes membres de la communauté 2SLGBTQ+. Elle a fait ses preuves en matière de collecte de fonds, notamment en triplant le financement prévu d’un projet pour le porter à 2 millions de dollars et en obtenant des subventions de divers organismes institutionnels, dont différentes fondations et tous les paliers de gouvernement. Prajerov a donné une présentation convaincante et pratique sur la manière dont votre organisation de justice sociale peut obtenir les subventions dont elle a besoin.
Prajerov a commencé non pas par de grands historiens, mais par le personnage de Peggy Bundy, mère épuisée et en manque de sexe dans la sitcom Married with Children des années 1980, qui pose l’éternelle question : « Suis-je en enfer ? ». Prajerov se demande si aujourd’hui, avec la montée de l’injustice sociale, nous sommes vraiment en enfer, et si oui, si nous devrions abandonner tout espoir. La réponse est non — il y a toujours de l’espoir, et avec les bonnes subventions, nous pouvons travailler à la création d’un monde plus équitable.
Prajerov note que le secteur de la philanthropie et de l’octroi de subventions reste très majoritairement blanc, avec très peu d’immigrants ou d’Autochtones représentés dans les conseils d’administration. Elle note également que malgré les 80 milliards de dollars d’investissements détenus par 170 000 fondations et organismes sans but lucratif au Canada, leurs revenus ont diminué de 44 % au cours des dernières années. Mais il existe des moyens de tirer parti des subventions existantes, tout en faisant pression pour la décolonisation et le changement au sein même des organismes subventionnaires. Prajerov nous rappelle que l’octroi d’une subvention ne se résume pas à de « l’argent à obtenir » ; il s’agit d’un don visant à aider à trouver une solution à un problème social. L’auteur de la demande de subvention doit démontrer et expliciter comment ce don contribuera à résoudre un problème, puis doit entretenir une relation avec l’organisme subventionnaire pour obtenir ce don. Comme le dit Prajerov, « l’argent peut être utilisé comme un traitement pour guérir les traumatismes et les blessures ».
Prajerov recommande plusieurs sources de subventions. Le CRSH est le choix le plus évident pour les universitaires, mais il ne faut pas s’y limiter ; il faut voir ce qui est disponible aux trois paliers de gouvernement. De plus, les fondations publiques et privées lancent des appels de propositions dont vous pouvez tirer parti — il s’agit là « d’un terrain généralement inexploré par de nombreux historiens et universitaires », précise Prajerov. L’important est de se concentrer sur des objectifs communs afin de créer une relation avec la fondation. « En période d’incertitude, marquée par une crise économique », il est particulièrement important d’explorer toutes les avenues de financement.
Comment trouver ces sources de financement ? La méthode la plus simple est parfois la meilleure : utilisez des mots-clés dans Google. Il existe des outils comme Foundation Search, Grant Watch et Grant Connect, et s’ils sont réservés aux membres, vous pouvez souvent y accéder dans une bibliothèque publique. Pour gagner du temps, Prajerov recommande de créer un fichier Excel avec une quinzaine d’organismes subventionnaires pertinents, à partir duquel vous devriez postuler aux trois les plus susceptibles d’approuver votre demande. Le choix d’un organisme ressemble beaucoup au choix d’un partenaire de vie, affirme Prajerov. Utilisez la « stratégie CIA » pour voir avec qui vous êtes le plus compatible : C pour connexion, I pour intérêt, et A pour aptitude. Il faut également vérifier le potentiel de la demande. Si une fondation ne finance que 5 % des candidats, vaut-elle la peine que vous y consacriez du temps ? Prajerov vise surtout les fondations qui subventionnent au moins 20 % des demandes.
Ne perdez jamais de temps à demander des subventions pour lesquelles vous n’êtes pas qualifié, insiste Prajerov, et remplissez toujours complètement le formulaire de demande. Concentrez-vous sur l’impact potentiel de votre projet — c’est ce qui intéresse le plus les organismes. Répondez aux questions de base (quoi, quand, pourquoi, où et pour qui). Avant de commencer, il peut être utile de constituer un petit « comité de révision » de collègues et d’alliés, surtout si vous vous travaillez avec des communautés qui ne sont pas la vôtre.
Au final, construisez toujours un récit d’espoir, avec des objectifs clairs à court et à long terme, que les organismes voudront soutenir. C’est la clé de la réussite d’une demande de subvention pour la justice sociale.
L’enregistrement de l’atelier est disponible sur la chaîne You Tube de la SHC.