Transcription – Les sociétés d’histoire
Organisée en partenariat avec la Fédération Histoire Québec
Lorsque la Société historique du Canada a été fondée en 1922, il y avait peu de distinction entre les sociétés historiques et les professionnels de l’histoire dans les universités, les archives et les musées du pays. Au XXe siècle, l’intérêt pour l’histoire se diffuse, la pratique citoyenne de l’histoire suscitant l’intérêt de milliers de Canadiens.ne.s alors que, parallèlement, se développe la professionnalisation de l’histoire comme discipline universitaire, ce qui a pour effet de distendre les liens initiaux. La table ronde se penchera sur le rôle des sociétés d’histoire dans la production de nouvelles connaissances historiques et dans l’éducation des Canadien.ne.s au sujet du passé. Elle se penchera également sur la façon dont nous pourrions établir un lien plus solide entre les associations d’historien.ne.s professionnel.le.s, les historien.ne.s citoyens et les organismes patrimoniaux.
Organisateurs
- Canadian Historical Association / Société historique du Canada (1922)
- Fédération Histoire Québec (1965)
Sociétés participantes (par ordre de date de création) :
- Royal Nova Scotia Historical Society (1878)
- Ontario Historical Society (1888)
- Manitoba Historical Society (1879)
- Institut d’histoire de l’Amérique française (1947)
- Réseau Mémoire, patrimoine, histoire / Memory, Heritage, History Network (2022)
Le 16 février 2023, en collaboration avec la Fédération Histoire Québec, la SHC a eu la chance de présenter sa table ronde virtuelle Les sociétés historiques et l’étude du passé. Cet évènement a regroupé des participants de partout au pays. En plus de Jean-Louis Vallée de la Fédération Histoire Québec — qui a présidé la séance — et de Steven High de la SHC, nous avons eu la chance de compter sur la participation d’Alain Roy (Laboratoire d’histoire et de patrimoine de Montréal), de MariFrance Charrette (Fédération Histoire Québec), de Lois Yorke (Royal Nova Scotia Historical Society), de Tracy Turner (Manitoba Historical Society), de Daniel Dishaw (Ontario Historical Society), de Brigitte Caulier (Institut d’histoire de l’Amérique française) et de Denis Perreaux (Réseau Mémoire, patrimoine et histoire / Memory, Heritage, History Network). Il s’agissait de la première fois qu’un évènement similaire regroupait des sociétés d’histoire provinciales et territoriales et des associations professionnelles ; tous les éléments étaient donc réunis pour une table ronde mémorable, ce qui s’est effectivement produit.
Chaque participant a eu l’opportunité de présenter les activités de sa société historique, dont la diversité est frappante. Si les plus anciennes datent du XIXe siècle, le Réseau Mémoire, histoire et patrimoine / Memory, Heritage, History Network a été fondé l’année dernière, en 2022. Chacune d’entre elles est un point d’ancrage pour plusieurs organisations historiques locales, qui sont l’essence de leur action. Si elles partagent plusieurs caractéristiques communes, une d’entre elles ressort particulièrement : plus qu’une discipline académique, l’histoire est un projet social, qui permet de rassembler les communautés et qui est accessible à tout passionné. Cette table ronde était au commencement d’un processus plus large visant à tisser des liens plus forts entre le monde académique et les sociétés historiques, qui seront bénéfiques à toutes et tous.
Le quotidien des sociétés historiques est toutefois loin d’être facile ; nos participants ont relevé des défis communs qu’ils doivent affronter sans relâche. Leur financement est une limite qui nuit fortement à leur capacité d’action. Dans un contexte où les subventions gouvernementales ne suffisent pas à préserver le patrimoine bâti, à communiquer l’histoire et à supporter leurs missions, les sociétés historiques doivent faire preuve de créativité et s’appuyer sur le bénévolat de leurs membres dévoués. Comme l’ont souligné de nombreux participants, les sociétés historiques doivent faire plus avec moins — une situation qui s’exacerbe année après année. Il est également essentiel que la relève soit au rendez-vous pour que les sociétés historiques puissent continuer leurs activités. Le recrutement de bénévoles est une tâche ardue, mais essentielle dans un contexte de précarité budgétaire.
Ces enjeux n’empêchent pas les sociétés historiques d’être des organisations vibrantes dont l’apport à la discipline ne peut être sous-estimé. Plusieurs d’entre elles ont été à l’avant-scène de développements historiques, notamment de la professionnalisation de la discipline et de l’histoire de minorités marginalisées, et continuent de l’être aujourd’hui. De nombreuses sociétés historiques concrétisent présentement un virage numérique qui leur permet de rejoindre une plus grande frange de la population. Certaines offrent des formations variées qui répondent à une demande de plus en plus importante de la part de particuliers. Leurs publications, qui regroupent tant des articles scientifiques de grande qualité que des nouvelles patrimoniales et du contenu varié, sont un répertoire unique de connaissances. Prairie History, la Revue d’histoire de l’Amérique française et le Journal of the Royal Nova Scotia Historical Society ne sont que des exemples parmi tant d’autres de périodiques de qualité publiés par des sociétés historiques. Par des conférences, des colloques, des prises de position publiques et par leur activisme varié — qui permet d’étayer des phénomènes allant de la préservation du patrimoine à la précarité des diplômés —, les sociétés historiques sont des composantes phares de l’innovation et de la vitalité de l’histoire au Canada.
La discipline historique ne peut qu’être renforcée par un partenariat plus fort entre les universités et les sociétés historiques. Le schisme qui a longtemps existé entre les deux se résorbe de plus en plus, et elles ont avantage à se connaître davantage. D’un côté, dans un contexte où les historiens universitaires s’impliquent fréquemment dans la sphère publique et où l’histoire orale devient une partie centrale de la discipline, les sociétés historiques sont un exemple d’engagement avec le public à répéter. De l’autre, les colloques académiques sont une opportunité unique pour les membres des sociétés historiques de participer activement aux derniers développements de la discipline et d’enrichir leurs actions. Cette table ronde est un premier pas vers une collaboration centrale prospère entre passionnés d’histoire de divers milieux, qui ne peut qu’être bénéfique à toutes et tous.
Une rencontre de travail est prévue le 15 mai prochain entre la SHC, la Fédération Histoire Québec et les sociétés historiques participantes afin de consolider leurs liens qui s’affermissent de plus en plus. Comme l’a dit l’un des présentateurs, dire qu’il faut bâtir des ponts à deux significations appropriées : non seulement s’agit-il de liens entre les universités et les sociétés historiques, mais il s’agit également de constructions conscientes et raisonnées qui demandent une planification et un effort sur plusieurs années. Nos participants nous ont démontré que ces ponts auront des fondations solides.
La vidéo de la table ronde est disponible sur la chaîne YouTube de la SHC.