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La vie d’un étudiant aux études supérieures

5.  La vie d’un étudiant aux études supérieures

Revu et augmenté par Carly Ciufo, candidate au doctorat, Université McMaster

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Les gens qui ne font pas partie du monde universitaire sont souvent stupéfaits que quelqu’un puisse passer quatre, cinq, voire dix ans dans une institution d’enseignement supérieur. Nombreux sont les nouveaux étudiants qui se sentent submergés par le stress financier et émotionnel des travaux de cours. Mais de nombreux professeurs repensent avec nostalgie à l’époque où ils étaient étudiants de deuxième ou troisième cycle.

Les étudiants doivent se frayer un chemin entre les aléas de la vie et l’apprentissage. Faire ses études supérieures à plein temps constitue un moment unique et stimulant de réflexion intellectuelle et d’appartenance à une communauté qui ne ressemble à nulle autre. Mais la plupart des étudiants à la maîtrise et au doctorat sont des « employés » en même temps que des « étudiants » de l’université. Beaucoup d’entre eux ont d’importantes responsabilités économiques et familiales parallèlement à, ou plutôt en plus, des facteurs de stress ordinaires de la vie d’un étudiant du supérieur. Les étudiants à la maîtrise ou au doctorat constituent aussi, de plus en plus, un groupe très diversifié de gens qui suivent un enseignement supérieur pour des raisons très diverses également, aussi rien dans cette section de « la vie d’un étudiant aux études supérieures » ne pourra concerner tout le monde en même temps. Ce chapitre signalera quelques causes de stress susceptibles de faire leur apparition dans votre vie d’étudiant diplômé et d’en disparaître ensuite. Sachez, cependant, que ces études comprennent plusieurs stades. Votre vécu quotidien sera très différent selon que vous suivrez simplement des cours, que vous passerez vos examens de fin de session, et que finalement vous rédigerez votre mémoire de recherche, votre mémoire de maîtrise, ou bien votre thèse de doctorat. Tâchez de vivre au mieux les étapes de cette aventure, et de tenir bon pendant la traversée des moments difficiles, en espérant qu’ils feront de vous un meilleur historien.

Les relations estudiantines

En intégrant les études supérieures, vous allez découvrir que les autres étudiants de deuxième ou troisième cycle constituent pour vous un important groupe de pairs. Ils seront attentifs à vos idées, liront vos travaux, vous écouteront répéter vos communications en public, vous diront ce qu’ils pensent de vos efforts, argumenteront avec vous et attendront en retour la même chose de votre part. Les liens que vous nouerez avec d’autres étudiants des cycles supérieurs pourront s’avérer extrêmement profitables, tant sur un plan personnel que professionnel. Que vous restiez dans le monde universitaire ou non, ils se pourrait qu’ils deviennent vos futurs collègues ailleurs. Certains deviendront même des amis pour la vie.

On peut en apprendre beaucoup sur la nature de la profession d’historien auprès des autres étudiants. Les « vétérans », étudiants confirmés, seront probablement pour vous des puits d’information sur votre département, l’université et la profession au sens large. Ils sont également susceptibles de vous apporter un soutien psychologique vital. Pour beaucoup d’étudiants, la première année des études supérieures est particulièrement éprouvante ; l’intégration dans un programme nouveau et rigoureux, souvent dans une nouvelle institution, dans une nouvelle ville, risque de vous faire connaître une solitude oppressante cette année-là. Les étudiants expérimentés peuvent être de bon conseil au sujet des choses qui peuvent paraître les plus inquiétantes aux yeux d’un étudiant de deuxième ou troisième cycle, telles que le choix des cours et des directeurs d’études, la négociation de l’aide financière et les relations avec l’administration de votre institution, ou l’implication dans la communauté universitaire. Mais prenez les avis des autres étudiants avec un grain de sel ; considérez-les prudemment et vérifiez-les vous-même avant de les tenir pour vrais.

Présentez-vous au plus possible de vos collègues étudiants du supérieur, et fréquentez-les. La plupart des départements proposent un certain nombre d’activités formelles et informelles à leurs étudiants diplômés. Ces activités peuvent être intimidantes quelquefois, surtout pour les nouveaux étudiants ayant peu d’assurance ou qui ont d’autres origines que la plupart des autres. Mais sachez que se créer un réseau devient de plus en plus facile avec la pratique et que cela peut être un moyen formidable de se trouver des mentors, tant plus âgés que parmi les pairs. Les activités proposées par le département procurent d’excellentes opportunités d’interactions sociales et d’échanges intellectuels ; au pire, ce seront des expériences d’apprentissage sans risque qui pourront vous servir de tremplin pour le circuit des conférences.

Si parmi les activités sociales proposées par votre département rien ne vous plaît, envisagez de vous joindre à un groupe de discussion qui corresponde mieux à vos intérêts, voire créez-le. Par exemple, vous pourriez constituer un groupe d’histoire de l’Amérique latine, de la sexualité ou de l’environnement. Vous pouvez également vous joindre à l’association ou au conseil des étudiants de deuxième et troisième cycles de votre département ou de votre université, ou prendre une part active à une organisation telle que le Comité des étudiant(e)s diplômé(e)s de la Société historique du Canada ou de la Fédération canadienne des étudiants et étudiantes. D’autres groupes, tels que la Society for the History of Children and Youth (Association pour l’histoire de l’enfance et de la jeunesse), facilitent les interactions entre les étudiants des cycles supérieurs et les professeurs qui s’intéressent à ces champs d’études particuliers au Canada et dans le reste du monde. J’ai moi-même vécu quelques moments incroyablement gratifiants en dehors de mon travail de thèse en participant au groupe de recherche du syndicat auquel je suis affiliée, le Syndicat canadien de la fonction publique (CUPE-SCFP), et à la Société historique du Canada.

Tout le monde est stressé aux études supérieures. Les étudiants les plus âgés, les étudiants avec un handicap et ceux dont les groupes d’origine ont été traditionnellement sous-représentés dans le monde savant peuvent se sentir particulièrement isolés. Qu’il y ait dans votre programme peu ou beaucoup d’effectifs, vous pouvez vous sentir mal à l’aise dans les interactions avec les autres étudiants, que ce soit en classe ou en dehors ; vous pouvez vous sentir laissé à l’écart des réseaux d’étudiants habituels ou de la culture du département. Les étudiants étrangers, en particulier, sont souvent confrontés à d’énormes difficultés économiques qui s’ajoutent aux tensions qu’impliquent le travail dans une langue seconde ou troisième et l’adaptation à des conventions sociales différentes. Les étudiants plus âgés, les étudiants qui ont des enfants et les étudiants handicapés se sentent souvent en décalage eux aussi.

Essayez de rompre l’isolement en assistant aux activités organisées du campus. Beaucoup de départements et d’associations d’étudiants diplômés organisent des causeries et autres séminaires à l’heure du lunch. Ces évènements, qui permettent autant les échanges sociaux qu’intellectuels, peuvent s’avérer propices à de nouvelles amitiés. Les évènements sociaux plus importants des écoles d’études supérieures peuvent être également précieux pour rompre la glace. Des organisations universitaires majeures telles que les associations des étudiants africains, autochtones ou chinois, et les programmes pour les étudiants LGBTQ+ peuvent aussi vous procurer un soutien essentiel au niveau communautaire. Les associations estudiantines dépendant des départements ou de l’université elle-même peuvent vous aider à vous familiariser avec la culture universitaire et à comprendre vos droits en tant qu’étudiant au Canada.

Le sentiment de solitude peut être d’autant plus lourd qu’il s’y ajoute l’exaspération d’avoir à se battre pour un logement, jongler avec des rendez-vous médicaux ou devoir réduire votre charge de travail, ce qui vous met en décalage avec votre cohorte d’étudiants. Les étudiants les plus âgés peuvent se sentir très inférieurs en nombre devant des collègues plus jeunes, fraîchement émoulus d’un programme de premier cycle. Certains de vos camarades de classe vous traiteront comme un parent ou comme un professeur plutôt que comme un collègue, tandis que certains professeurs pourront se sentir un peu mal à l’aise d’enseigner à des étudiants de leur âge, voire plus vieux. Nous arrivons tous aux études supérieures avec une formation intellectuelle différente, des origines différentes et un vécu différent ; recherchez les gens avec qui vous vous entendez et qui vous stimulent intellectuellement pour créer une communauté d’encouragement et de soutien.

Collégialité et professionnalisme

En abordant vos nouvelles relations personnelles avec d’autres étudiants des cycles supérieurs, des professeurs, des étudiants de premier cycle et le personnel administratif de votre département, soyez respectueux des uns et des autres. Tout le monde a des origines différentes ; gardez-vous des préjugés déplacés au sujet des autres. Les discussions intellectuelles et politiques devraient être encouragées, mais gardez-vous de faire des commentaires blessants. Traitez les membres du personnel administratif comme les professionnels qu’ils sont plutôt que comme s’ils étaient vos secrétaires. Ce n’est pas non plus une bonne idée de vous plaindre d’autres étudiants ou de vos pairs à d’autres pairs ou étudiants, que ce soit en personne ou en ligne. Les commérages font beaucoup de mal, surtout dans un milieu aussi compétitif que l’enseignement supérieur. Gardez-vous-en. Il peut aussi y avoir une forte concurrence pour les ressources aux études supérieures. Cela ne signifie pas pour autant que vous devez être désagréable avec vos collègues. Partagez aimablement des ressources telles que les livres, les candidatures et les CV. Discutez ensemble de ces choses et lisez mutuellement vos travaux. Et fêtez ensemble vos réussites ! Votre travail n’en sortira que fortifié.

Il arrive que des problèmes surgissent. Les universités ont parmi leur personnel des médiateurs formés à la résolution de conflits. Il existe également des bureaux spécialement consacrés à l’équité, l’inclusion et/ou l’accessibilité, qui peuvent être les lieux appropriés où chercher information et soutien. S’il se produit, sous quelque forme que ce soit, un problème de comportement sur le lieu de travail, rapportez ce qui s’est produit et qui est en cause. Il est important de conserver des traces écrites lorsque vous travaillez avec des membres du personnel administratif, d’autres étudiants et les personnes en charge de l’affaire si jamais une situation s’aggravait.

Les relations avec les professeurs

En tant qu’étudiant des cycles supérieurs, vous aurez plus de contacts et d’interactions avec vos professeurs que durant vos études de premier cycle. Les étudiants au doctorat, en particulier, sont pour ces derniers de jeunes collègues qui pourront un jour devenir des pairs. Les différentes universités et les différents programmes d’études supérieures ont des cultures tout à fait différentes lorsqu’il s’agit des relations entre professeurs et étudiants.

Par exemple, les nouveaux étudiants mettront un peu de temps à comprendre la façon dont ils doivent s’adresser à leurs professeurs. Doit-on dire « professeur » ou « docteur » ? Doit-on appeler un professeur par son nom de famille ou par son prénom ? Ne vous imaginez pas que, parce qu’un étudiant appelle un professeur par son petit nom, vous soyez autorisé à faire de même. Il n’y a pas de règle universelle, aussi vous devrez tâtonner quelque peu jusqu’à ce que vous sachiez à quoi vous en tenir au sujet de ces règles de politesse. En tant qu’étudiante plus âgée, arrivée à la dernière étape de mon doctorat, je m’adresse à mes professeurs plus âgés par leur prénom, une fois que nous avons discuté ou travaillé ensemble. Pour inverser les dynamiques de pouvoir au sein de notre département, un autre étudiant au doctorat s’adresse aux professeurs hommes par leur prénom, mais appelle toutes les femmes « docteur ». Adaptez-vous à ce qui met les deux parties à l’aise et demandez ce qui est préférable si vous n’en êtes pas sûr.

Votre relation la plus importante sera celle que vous entretiendrez avec votre directeur de recherche. Si vous êtes étudiant au doctorat, cela inclura aussi les relations avec les autres membres de votre comité de thèse. Le rôle du professeur superviseur est multiple. Il peut, entre autres, vous aider à formuler votre projet de recherche et vous interroger au sujet de vos projets ; lire les premiers jets de votre thèse ; vous donner des conseils d’ordre général sur votre travail universitaire et vos options de carrière ; et rédiger pour vous des lettres de référence.

Il n’est pas toujours facile de choisir le bon directeur de recherche. Votre choix sera contraint par un certain nombre de facteurs. Dans certaines institutions, on vous assignera un « interlocuteur conseil » (provisional advisor) ; dans d’autres, ce sera à vous que reviendra la responsabilité de trouver quelqu’un qui vous prendra comme étudiant. Si vous avez la chance de pouvoir choisir votre directeur de thèse, ne prenez pas en compte uniquement sa réputation et son domaine de spécialisation, mais aussi la façon dont il dirige ses étudiants. Comme les étudiants des cycles supérieurs, les différents superviseurs abordent leur fonction de différentes façons. Certains sont très directs et pratiques, et insisteront pour vous voir en réunion à intervalles réguliers, pour que vous les informiez de l’avancement de vos travaux de manière formelle ; d’autres vous donneront moins d’indications et attendront que vous soyez prêts à leur parler de votre travail.

Sachez qu’être trop proche de son superviseur n’est pas forcément bénéfique. Certains professeurs qui entretiennent des relations intenses avec leurs étudiants cherchent à alimenter leur complexe du héros ou une autre forme de manque psychologique, et éprouvent quelques difficultés à conserver leur rigueur pédagogique. De l’autre côté, certains étudiants trouvent difficile d’admettre des critiques intellectuelles de la part de professeurs qu’ils considèrent comme des amis. Si vous en avez la possibilité, vous devriez peut-être parler aux autres étudiants pour trouver le superviseur dont la façon de diriger correspondra à vos besoins.

Les étudiants au doctorat auront à rassembler un comité de thèse correspondant à leurs intérêts, composé de deux ou trois professeurs, en plus de leur directeur de recherche. Au lieu de vous reposer sur un directeur de thèse « super star », dont vous espérez qu’il répondra à tous vos besoins, pensez plutôt à vous rapprocher de différents professeurs aux points forts diversifiés. Par exemple, vous pourriez demander à un professeur de siéger sur votre comité parce qu’il est bien versé dans la période que vous étudiez, à un autre parce qu’il partage avec vous des perspectives théoriques ou méthodologiques similaires, et à un troisième parce qu’il est connu pour être un excellent relecteur. Mon comité se compose d’un expert des droits humains, d’un relecteur impitoyable et de quelqu’un qui comprend les études mémorielles ; ils s’intéressent tous à ma recherche, bien que pour des raisons différentes.

Les relations étudiants-professeurs sont complexes. Le genre d’un professeur, ses opinions politiques, son âge ou sa façon d’enseigner ne préjugent en rien de la façon dont cette personne se sentira concernée par vous ou par votre travail. Ne présupposez pas que des professeurs plus jeunes ou plus décontractés traiteront votre travail avec plus d’indulgence ou moins sévèrement que n’importe qui d’autre. Ce n’est pas parce qu’un professeur vous permet de l’appeler par son prénom quand tous les autres s’attendent à ce qu’on s’adresse à eux de manière plus formelle, que sa façon de noter sera forcément plus « relax ». Évitez aussi de tomber dans le piège qui consiste à croire que les professeurs qui sont « comme vous » seront automatiquement des amis ou des alliés. Bien que les féministes et les professeurs ouvertement allosexuels voudront encourager les étudiant(e)s féministes et LGBTQ+, et que les professeurs de couleur voudront apporter leur soutien aux étudiants de couleur, le genre, la sexualité, la race ou les opinions politiques que vous aurez en commun ne préjugent en rien d’une relation privilégiée avec eux.

En tant que jeune collègue, vous devriez vous comporter de manière professionnelle avec tous les professeurs de votre département, et vous attendre à ce qu’ils se comportent avec vous de la même manière. Si votre superviseur est aussi votre employeur, d’autres éléments entreront en jeu dans votre relation. Le fait d’enseigner ou d’effectuer un travail de recherche pour votre directeur de thèse ou d’autres membres de la faculté est susceptible de modifier profondément votre relation. Bien qu’il ne soit certainement pas recommandé de « laisser tomber » un contrat d’enseignement ou de recherche, vous n’avez pas à vous plier à tous les caprices d’un professeur. Gardez à l’esprit vos propres besoins et objectifs, et évaluez les avantages et les inconvénients des attentes d’un professeur lorsque celles-ci divergent des vôtres.

Il arrive que certains professeurs exploitent leurs étudiants. Cela se produit parfois sans que le professeur lui-même en ait conscience. Par exemple, un chargé de cours peut se voir demander son aide pour rassembler du matériel de cours ou élaborer un syllabus, ou un assistant de recherche peut se voir demander de rédiger une proposition de livre ou d’aller chercher un colis. Il peut être difficile de dire non à un professeur qui siège sur votre comité de thèse, rédige vos lettres de recommandation et/ou dont vous suivez un cours faisant partie de votre programme d’études supérieures. Ce professeur peut penser que le fait de vous demander votre aide est une façon de vous faire savoir qu’il a confiance en vos aptitudes. Mais si vous n’êtes pas payé pour ces services, et/ou si ces demandes commencent à empiéter sur le temps que vous êtes censé consacrer à votre propre travail, cela peut vous rendre la vie difficile. Il est toujours préférable de laisser au professeur le bénéfice du doute et de supposer qu’il n’est pas au courant de votre situation personnelle ou de vos difficultés. Si vous ne parvenez pas à rectifier cette situation au moyen d’un refus poli doublé d’un argument raisonnable, il vous faudra envisager d’aller trouver le directeur des études supérieures, ou bien le chef du département ou de l’institution. Vous avez des droits, et le pouvoir du professeur n’est jamais absolu. Beaucoup de chargés de cours et d’assistants de recherche sont syndiqués, et la plupart des institutions donnent aux étudiants le pouvoir de se défendre lorsque des problèmes surviennent. Lisez votre entente collective ; elle vous informera sur vos droits, vos responsabilités et les protections dont vous disposez. Les situations de conflit ouvert sont rares, car il existe un certain degré de collégialité entre les étudiants diplômés et leurs professeurs ; les deux parties peuvent apprendre de leurs interactions.

Souvenez-vous qu’il est essentiel, pour un étudiant de deuxième ou troisième cycle, d’entretenir une bonne relation de travail avec son ou ses superviseur(s). Si, à un moment quelconque, vous avez des doutes sérieux quant à l’efficacité de votre relation avec votre directeur de thèse, ou si cette relation vous semble inappropriée, demandez conseil aux collègues en qui vous avez confiance et/ou à votre directeur des études supérieures sur la façon de faire comprendre vos préoccupations à votre superviseur, ou carrément sur la façon de changer de superviseur.

Certaines relations entre étudiants et professeurs deviennent quelquefois plus intimes, et cela s’avère particulièrement problématique. Même si ces relations sont consensuelles, elles demeurent une zone grise sur le plan des codes de conduite professionnelle. Le déséquilibre du pouvoir entre étudiants et professeurs soulève d’impérieux problèmes éthiques et pédagogiques qui devraient être sérieusement considérés par les deux parties. En règle générale, les universités prohibent ce genre de relations car, qu’elles soient avouées ou non, elles exposent les étudiants à des situations hasardeuses et les professeurs à des accusations de harcèlement.

Trouver un équilibre entre « la vie » et les études supérieures

Vos études supérieures représentent la plus grande partie de votre vie. Essayez de ne pas laisser vos autres activités prendre le pas sur vos recherches et la rédaction de votre thèse ; en même temps, ne laissez pas votre thèse ou vos activités universitaires devenir toute votre vie. Les pressions qu’exercent les travaux de cours et la solitude de la recherche et de l’écriture constituent un lourd prix à payer sur le plan émotionnel.

Il est extrêmement important de trouver cet équilibre au moment de travailler à votre thèse. Prenez soin de votre santé : mangez bien, dormez suffisamment et essayez de conserver une activité physique en faisant du sport, en prenant un cours de yoga ou en allant à la gym. Détendez-vous en famille et avec vos amis quand vous le pouvez. Lisez des livres sans aucun rapport avec votre recherche en cours. C’est peut-être aussi le moment de trouver ou retrouver un loisir que vous aimez, ou de prendre un cours de dessin, de musique ou de langue sans rapport avec vos études. Faites du bénévolat ou participez à des campagnes électorales. Prenez des vacances. De nombreux étudiants travaillent à leur thèse comme si c’était un travail de bureau, faisant du « neuf à cinq » et s’arrêtant le soir et les fins de semaine. Il y aura de nombreux moment où cela pourra vous sembler impossible, mais structurer vos journées de façon régulière et équilibrée vous rendra plus productif que travailler comme un fou juste avant les dates limites.

Vous serez certainement plus heureux et vous rédigerez une meilleure thèse si vous consacrez un peu de temps à l’oublier.

En cas de crise ou de changement de circonstances

Les aléas de la vie… Vos projets de cours de maîtrise ou de rédaction de thèse, soigneusement planifiés, doivent être interrompus ou prennent une tournure imprévue. Vous tombez enceinte, votre partenaire décroche le travail de ses rêves et veut que vous l’accompagniez dans une autre ville, vous connaissez un sévère revers financier, une crise familiale ou vous avez un grave problème de santé… Si un évènement imprévu vous empêche de poursuivre vos études, vous n’avez pas à renoncer à vos projets pour autant. Parlez-en à votre directeur de recherche, au directeur des programmes des études supérieures et/ou au représentant des chargés de cours ou du syndicat pour savoir quelles sont vos options. Ils ont beaucoup d’expérience, pour avoir connu des étudiants dans des situations semblables, et la plupart seront heureux de plaider votre cause. Au cours des premiers mois de mon doctorat, j’ai fait une chute de vélo en me rendant à l’université, et j’ai souffert d’une commotion cérébrale. Je commençais tout juste les lectures pour mes examens finaux et, en raison de mon accident, on m’a interdit de lire. J’ai dit à mes superviseurs ce qui m’était arrivé et nous avons trouvé ensemble un moyen de répondre aux exigences du diplôme tout en ménageant ma santé. N’essayez pas de régler ce genre de problèmes vous-même, en laissant vos superviseurs dans l’ignorance. Ils vous apporteront toute l’aide qu’ils pourront. Ils peuvent vous aider à vous frayer un chemin dans les règlements des études supérieures en ce qui concerne les examens incomplets, les désistements, les accommodements, ainsi que les absences pour raisons médicales, mais il faut pour cela qu’ils sachent que vous avez besoin de leur aide.

Il faut parfois changer d’orientation, même si le chemin que l’on avait choisi avait été déterminé avec le plus grand soin. L’intérêt que l’on éprouvait pour certaines choses se dissipe, les circonstances changent irrémédiablement, ou vous découvrez que votre programme d’études ne vous convient pas ou qu’il est trop lourd. Si cela se produit, prenez conseil auprès du professeur concerné, de vos collègues étudiants et des conseillers de l’université pour savoir comment il vous serait possible de raccorder une autre discipline, un autre programme ou une autre institution. Cela risque-t-il de retarder vos progrès ? Si oui, de combien de temps et de quelle façon ? En pesant soigneusement le pour et le contre, vous pourrez savoir s’il vaut la peine d’endurer le fardeau supplémentaire qu’impliquera un si grand changement.

Mais ne confondez pas découragement et échec – ou incompatibilité avec la profession d’historien dans son ensemble. Si vous avez le sentiment de ne pas être à la hauteur, si vous doutez de vous-même, si vous vous sentez comme un « imposteur » qui va nécessairement être « démasqué » et renvoyé du programme, vous n’êtes pas le seul. En 2017 est paru un article dans le bulletin des études supérieures de l’Université de la Colombie-Britannique, au sujet des « étudiants qui ont le sentiment d’être des imposteurs », article dont les références en notes de bas de page remontent à 1994[1]. Ces sentiments n’ont rien d’extraordinaire. De nombreux professeurs en souffrent aussi. Cela signale le besoin de davantage de moyens de soutien pour les étudiants des cycles supérieurs et leurs professeurs. Bien que l’on puisse fréquemment douter de soi, il n’y a pas de raison que les étudiants soient constamment malheureux. Si les bénéfices que vous tirez de vos études de second ou troisième cycle en histoire ne sont pas supérieurs à vos difficultés, vous devriez songer à renoncer à ces études, temporairement ou définitivement.

Il ne vous est pas nécessaire d’obtenir tous les diplômes pour lesquels vous avez entrepris des études. Si vous décidez que tel ou tel chemin n’est pas fait pour vous, cela ne signifie pas que vous ne soyez pas capable d’aller au bout. Dans certains cas, une absence temporaire pourra vous aider à revenir aux études avec un enthousiasme renouvelé. Et dans d’autres cas, vous pourriez vous rendre compte que vous voulez simplement passer à autre chose. Soyez réalistes quant à vos options, et choisissez en toute connaissance de cause ce qui correspond le mieux à vos besoins.

[1] Sarah Joose, 2017, « Feeling like a Fraud: Imposter Syndrome in Graduate School », Graduate School – The University of British Columbia, novembre, en ligne (https://www.grad.ubc.ca/advance/2017/5/feeling-fraud-imposter-syndrome-graduate-school).