Je suis assise à mon bureau et respire l’air salin à travers la fenêtre de mon bureau. J’ai récemment commencé dans mon nouveau poste de professeure adjointe au département d’histoire de l’Université Saint Mary’s (SMU) à Halifax, en Nouvelle-Écosse, ma province natale. En réfléchissant à mes cours de septembre, j’ai l’occasion de réviser mes plans de cours pour le trimestre d’automne. Cela me donne l’occasion de faire une pause pour réfléchir à ma pédagogie, qui a été façonnée tout au long de mes études de premier cycle à l’Université du Cap-Breton (CBU).
Mon plan quand je suis entrée à l’université était de me spécialiser en anglais et de devenir professeure d’anglais au secondaire. Cette idée a rapidement changé. Il n’est pas exagéré de dire que le premier cours d’histoire que j’ai suivi à l’université, « l’Histoire de l’humanité » avec le Dr Andrew Parnaby, a façonné mon parcours professionnel. À la fin de ma première année à l’université, j’ai changé de spécialisation et je me suis inscrite à autant de cours d’histoire que possible. J’étais doublement intriguée au sujet de l’enseignement de l’histoire : par le niveau d’indépendance que les étudiants devaient explorer et façonner leurs propres projets et par la créativité employée par de nombreux professeurs d’histoire de CBU dans leur enseignement.
Je me souviens très bien du sentiment d’accomplissement collectif ressenti par l’ensemble des étudiants du cours « Chasse aux sorcières écossaises » du Dr Scott Moir lors de ma troisième année. En plus des travaux de paléographie, qui offrait aux étudiants l’occasion de de réunir en dehors des heures de classe, Moir nous a assigné des rôles dans un simulacre de procès de sorcière. Cette mission nous a encouragés à nous mettre à la place des acteurs historiques et à enquêter sur les dynamiques socio-économiques et politiques qui ont façonné une chasse aux sorcières – nous avions vraiment l’impression de résoudre un mystère. Plus j’acquiers de l’expérience en enseignement, plus je repense à ce cours, au travail que Moir y a consacré et de combien de façons les choses auraient pu mal tourner sans une réflexion et une préparation minutieuses.
Parnaby a également employé l’apprentissage actif dans la plupart de ses cours. Son ouverture d’esprit et sa créativité en matière de travaux demandés ont été à la base de mon apprentissage. Dans son cours d’historiographie, Parnaby a offert aux étudiants une approche complètement ouverte quant au travail principal à remettre. Je me souviens très bien de l’enthousiasme des étudiants pendant que je travaillais sur ces projets, et bien que je ne me souvienne pas de tous les projets de mes camarades de classe (à part un étudiant qui a sculpté une réplique d’un bateau viking en bois), je me souviens très bien de mon propre projet. Au début du semestre, nous avons travaillé en petits groupes pour analyser et interpréter des documents historiques de l’Institut Beaton. Plus tard, nous avons utilisé ces sources pour rédiger séparément des rapports de recherche. L’ensemble des sources analysées par mon groupe était une série de photographies mettant en vedette des familles mi’kmaq. Ainsi, quand est venu le temps de notre grand projet, un camarade de classe et moi avons fait d’autres recherches sur l’histoire des Mi’kmaq à partir de l’information que nous avons glanée dans les photos. Avec beaucoup d’aide de Parnaby, nous avons organisé un atelier de vannerie mi’kmaq et une entrevue orale sur l’histoire des paniers avec Flo Young, une aînée d’Eskasoni reconnue dans le coin pour son tissage.
Tout le département était d’accord avec notre projet. Graham Reynolds, le directeur du département à l’époque, a invité une classe d’une école secondaire locale à venir sur le campus pour qu’elle assiste à notre atelier de tissage de paniers avec Young. L’activité a été filmée et déposée à l’Institut Beaton. Cette réussite a nécessité une planification et un soutien énormes de la part des professeurs et des étudiants du département, mais le résultat final en valait vraiment la peine. Nous avions l’impression d’avoir apporté une contribution significative à la pratique de l’histoire.
Le département d’histoire de la CBU a également offert de nombreuses possibilités de stages pour les étudiants. J’ai fait des recherches historiques pour des professeurs du département, j’ai travaillé pour l’Unama’ki Institute of Natural Resources dans le cadre d’un partenariat avec le département d’histoire et j’ai travaillé comme stagiaire en archivistique à l’Institut Beaton pendant un an. Toutes ces expériences ont été inestimables. Elles m’ont fourni une expérience pratique et m’ont donné un avantage lorsque j’ai commencé mes études supérieures à l’Université Memorial de Terre-Neuve.
Toutes ces expériences d’apprentissage ont influencé la façon dont je structure mes propres cours. J’ai intégré l’apprentissage actif, l’apprentissage sur le terrain et l’apprentissage créatif et réfléchi dans mes cours, mais c’était un défi de se plonger vraiment dans cette voie lorsque j’étais en situation précaire. Maintenant que je serai dans un même établissement pour un certain temps, je suis très enthousiaste à l’idée de commencer à élaborer et à développer certaines des approches pédagogiques qui étaient si importantes pour mes études de premier cycle. Au fur et à mesure que je poursuis mon enseignement, je suis toujours impressionnée par la passion de Parnaby pour l’enseignement de l’histoire ainsi que par sa capacité à s’autoévaluer et à réfléchir sur sa propre pédagogie.
Travailler au département d’histoire de la SMU et vivre à Halifax me donneront de nombreuses occasions de tâter le terrain dans le cadre de nouveaux travaux et de nouvelles approches en classe à titre d’enseignante. Mon désir d’inclure l’apprentissage par l’expérience et les projets créatifs est enraciné dans les diverses expériences qui m’ont été offertes en tant qu’étudiante de premier cycle à la CBU. Ayant obtenu mon baccalauréat il y a près de dix ans, on me rappelle constamment l’importance de favoriser des expériences d’apprentissage stimulantes et enrichissantes pour les étudiants grâce à une pédagogie engagée et passionnée.
Heather Green est professeure adjointe à l’Université Saint Mary’s et s’intéresse à l’histoire de l’environnement et des peuples autochtones, à l’histoire des mines et de l’extraction des ressources dans le Nord circumpolaire, au tourisme environnemental, à la production d’énergie et à l’activisme des peuples autochtones dans le Sud-Ouest américain.