L’adage « les imbéciles se précipitent là où les anges ont peur de s’aventurer » semblait tristement approprié. J’ai reçu un dégagement d’un cours – l’équivalent de peut-être 60 heures sur un semestre – pour tenir ma promesse de mieux harmoniser le contenu de mon cours d’histoire d’avant la Confédération avec le plan stratégique autochtone de l’Université Mount Royal et les appels à l’action de la CVR.
J’ai beaucoup appris à travers les difficultés que j’ai rencontrées durant ce projet. J’ai écrit ces blogues à l’intention des historiens-colons qui ont peur du risque ou qui se sont précipités et qui sont quelque peu perdus. J’ose être vulnérable et honnête parce que je pense qu’il y a beaucoup de réticence à se lancer dans des projets comme celui-ci. Nous ne voulons pas faire d’erreurs et nous nous en tenons à ce que nous savons. J’ai fait plus d’erreurs que j’aimerais vous admettre. Il y a beaucoup de choses à critiquer sur ce que j’ai fait ou pas fait. Rien de tout cela n’est parfait et les enjeux sont très élevés, mais je pense que c’est toujours mieux que de ne pas essayer du tout.
Ceci dit, voici ce que j’ai appris :
1. Faites preuve d’humilité à toutes les étapes. La chose la plus importante que je devais faire était de me désidentifier de mon statut de « connaisseur » et de devenir un « apprenant ». C’est vraiment difficile pour les universitaires. Que nous l’admettions ou non, une grande partie de notre conception de nous-mêmes est liée à la connaissance. J’ai dû apprendre à dire à mes étudiants, à mes collègues et à moi-même : « Je ne sais pas. » « Je me suis trompée. » « Je ne comprends pas. » « J’ai besoin d’aide. »
2. Prenez du temps pour vous. Vous devrez comprendre pourquoi vous faites ce travail. Votre réflexion sur votre philosophie d’enseignement aura beaucoup à voir avec votre philosophie de vie également. Quel est votre but ultime ? Pourquoi ? Quelle est votre place dans tout ça en tant que personne ? Et voici maintenant le plus important : comment êtes-vous personnellement impliqué dans les projets coloniaux passés et présents ?
3. Adoptez « l’esprit du débutant ». Notre discipline nous discipline. Pour vraiment changer le cours des choses, j’ai dû remettre en question toutes les hypothèses implicites de la discipline de l’histoire, les connaissances communes, les idées reçues et ces « doit faire » dissimulés qui excluent toute autre possibilité. Vous devrez prendre une série de décisions sur ce qui est réellement essentiel à notre discipline et sur ce dont nous pouvons nous passer.
4. Voir grand, mais commencez petit. La décolonisation, l’indigénisation et la réconciliation sont des questions complexes et difficiles. Dans le contexte politique et universitaire actuel, le colonialisme est incontournable. Je recommande de lire Gaudry et Lorenz (2018) et Tuck et Wang (2012). Cela m’a aidé à commencer à réfléchir à ce que je peux et ne peux pas accomplir.
5. Écoutez. Les colons doivent écouter très attentivement les gardiens du savoir autochtone lorsqu’ils sont prêts à partager. Nous devons aussi nous rappeler qu’ils ne nous doivent pas leurs connaissances et qu’il est de notre responsabilité de nous assurer que nous procédons de façon appropriée et respectueuse. Lorsque nous recevons des critiques, il est temps pour nous de prendre une respiration, d’y réfléchir à fond et de nous engager à faire mieux la prochaine fois.
6. Soyez prêt à échouer. Le changement transformateur est vraiment difficile. Si c’est facile, je suis désolé de vous le dire, vous le faites probablement mal. Vous devriez être prêt à ce que vous ratiez le coup avec votre cours. Prévoyez que vous aurez probablement une crise complète de confiance et d’autorité. C’est désagréable, mais c’est une bonne chose.
7. Soyez prêt à échouer à nouveau. Juste au moment où vous pensez que vous faites des progrès, vous verrez quelque chose, ou lirez quelque chose, ou entendrez quelque chose qui semble vous renvoyer à la case départ. J’ai dû arrêter de penser que je pourrais réussir à un moment donné dans le futur. Il n’y a pas de ligne d’arrivée ; c’est un processus perpétuel de réévaluation et de révision.
8. Certaines choses vont s’arranger. Dans l’ensemble, mon expérience a été très positive. J’ai eu l’occasion de lire une tonne d’excellents travaux d’érudition et j’ai fait de grands progrès dans la modification du scénario narratif et de ses voix dominantes. Le cours est non seulement meilleur parce qu’il met en avant un plus grand nombre de points de vue autochtones et qu’il interroge des points de vue européens, mais j’ai aussi passé beaucoup plus de temps à parler de méthodologie : comment l’histoire a été construite à partir de sources particulières, comment différentes perspectives influencent ce qui a de la valeur et ce qui n’en n’a pas dans le passé, et comment nos récits historiques sont vraiment bons pour masquer leur façon spécifique d’apporter la vérité.
9. Certaines choses vont mal tourner. Je n’étais pas assez bien préparée pour faire face aux effets d’un traumatisme en classe. Depuis, j’ai lu Colonized Classrooms: Racism, Trauma and Resistance in Post-Secondary Education de Sheila Cote-Meek et j’ai mis en place des stratégies pour la prochaine fois. J’ai eu beaucoup de chance et je n’ai pas eu à faire face à la violence racialisée en classe et je n’ai pas été repoussée par les étudiants, les parents, les collègues ou les administrateurs. Il s’agit toutefois de questions auxquelles nous devons tous être préparés.
10. Demandez ce dont vous avez besoin. Nous ne pouvons pas faire ce travail seuls. Nos établissements doivent offrir un soutien significatif aux étudiants et au corps professoral, financer des cours, des projets de recherche sur l’enseignement et l’apprentissage, des postes d’assistants de recherche pour les étudiants autochtones, et bien plus encore. En tant que communauté de chercheurs, nous devons créer des occasions de partager nos connaissances, nos expériences, nos défis et nos questions (comme le blogue d’enseignement de la SHC !) et d’élargir nos efforts collectifs par la collaboration et la réciprocité.
Dans le prochain blogue, je partagerai un travail que j’ai conçu dans le cadre de ce projet.
Je suis heureuse de répondre à vos questions. Veuillez utiliser la fonction de commentaire ci-dessous ou m’envoyer un courriel à cnielson@mtroyal.ca.