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Avouons que la gestion d’auxiliaires d’enseignement (AE) est un enseignement aux cycles supérieurs

Par Danielle Kinsey

Je me suis assise pour écrire sur les méthodes de gestion d’AE, mais j’ai vite compris que la discussion ne peut commencer tant que nous n’aurons pas reconnu un simple fait qui bouleverserait les procédures d’évaluation des crédits d’enseignement, des résultats des programmes et de la rémunération des enseignants en vigueur dans les universités canadiennes aujourd’hui : travailler avec un AE dans votre cours est un enseignement supérieur, point à la ligne.

J’ai fait mon doctorat dans une école Big Ten aux États-Unis. L’année où j’ai commencé, le département a embauché deux nouveaux professeurs dans des postes menant à la permanence pour, entre autres, enseigner les cours magistraux sur l’histoire européenne. En plus d’être d’excellents chercheurs, tous deux avaient déjà fait carrière sur scène – l’un comme acteur, l’autre comme danseur de ballet – et je suis certain qu’ils ont dû puiser dans chaque once de leur formation en interprétation pour donner ces cours monstres. Les classes comptaient près d’un millier d’élèves et comptaient une douzaine d’aides-enseignantes et d’aides-enseignants, qui ont tous dirigé deux ou trois sections de discussion. Les enseignants étaient des professeurs non titulaires ; il leur incombait de faire fonctionner ce que l’on pourrait qualifier de situation pédagogique particulière. C’est eux, et non le système, qui auraient été blâmés si cela n’avait pas été le cas. Et ils ont besogné pour que cela réussisse : chaque semaine, on préparait les AE, on discutait des stratégies à adopter en classe, on formulait des évaluations novatrices et, parce que ces professeurs étaient généreux et bienfaisants, ils leur donnait de l’espace pour débattre de la conception des cours actuels et de d’autres cours.

Maintenant que j’y pense, cette gestion continue des AE était un séminaire d’études supérieures pratique sur l’enseignement, à la fois en termes de pédagogie de modélisation et d’enseignement en personne. Je suis aussi à peu près certaine que personne n’a obtenu de crédit pour cet enseignement ou cet apprentissage, sauf peut-être quelques mentors désignés des AE ici et là qui ont enseigné moins de sections de discussion en échange d’être à la tête de leur cohorte. Mais reconnaissons que cette gestion des AE pour ce qu’elle était : un enseignement supérieur de type expérientiel et de formation en milieu de travail, un type de travail qui est maintenant très convoité. Que ce soit à titre de professeurs à temps plein, de chargés de cours ou d’enseignants « alt.-universitaires », bon nombre des personnes que je connais qui ont suivi ce programme donnent régulièrement des cours et, j’imagine, elles s’inspirent de l’enseignement qu’elles ont reçu en tant que AE.

Dans mon établissement actuel (et j’ai ouï-dire que c’est du pareil au même dans d’autres établissements), la gestion des AE est une zone grise géante d’embarras. Enseigner aux gens à enseigner l’histoire, ou du moins à évaluer le travail des étudiants de premier cycle, n’est pas – étonnamment – l’un des résultats d’apprentissage du programme d’études supérieures. Si c’était le cas, nous devrions peut-être être un peu plus systématiques et consciencieux quant à la façon dont nous enseignons ces compétences et les étudiants diplômés pourraient devoir subir une évaluation officielle de leur acquisition de compétences. Les chargés de cours ne sont pas payés davantage pour gérer une multitude d’auxiliaires d’enseignement ; il est donc injuste de s’attendre à ce qu’ils consacrent beaucoup de temps à l’enseignement aux étudiants diplômés. Les enseignants à temps plein n’obtiennent pas de crédit pour l’enseignement aux cycles supérieurs lorsqu’ils investissent du temps à travailler avec leurs aides-enseignants, mais les évaluations de l’enseignement considèrent indirectement dans quelle mesure un cours, y compris sa composante AE, maintient sa cohérence ; si ce travail n’est pas fait, les évaluations des enseignants en tiendront compte. Certains adoptent une approche très pratique de la gestion de leurs auxiliaires d’enseignement, tandis que d’autres s’efforcent de les mettre à l’écart autant que possible parce que l’intégration complète de ces derniers représente beaucoup de travail. Et chaque AE est différent. Donc, trouver comment travailler avec eux à n’importe quel moment et pour n’importe quel cours n’est certainement pas une situation « applicable à tous ».

Ce problème n’est pas d’hier. Le site Web de la SHC continue de mettre en valeur le « Guide-ressources des auxiliaires d’enseignement en histoire », qui est une révision de 2009 d’une révision de 2002 de l’original de 1992. Le guide a été conçu pour enseigner aux auxiliaires d’enseignement comment faire de l’assistanat lorsque leurs superviseurs ne le font pas. Comme l’indique le guide : « Malgré le rôle central que jouent les auxiliaires d’enseignement au premier cycle, les universités consacrent peu de temps à les préparer à leurs tâches d’enseignement. Sur de nombreux campus, des séminaires génériques d’une journée constituent souvent la seule formation qu’un auxiliaire d’enseignement recevra avant d’entrer dans un amphithéâtre ou un séminaire. Au cours des dernières années, toutefois, les universités, les organisations professionnelles et certains enseignants ont cherché à tirer parti de l’expérience d’enseignement des étudiants diplômés en offrant des ateliers, des brochures, des sites Web et des séminaires qui visent à transmettre des compétences pédagogiques aux futurs professeurs ». Le guide lui-même a été écrit pour être l’une de ces sources (externes) et comprend une section sur les questions que l’auxiliaire d’enseignement devrait poser à son directeur de cours – par exemple, « êtes-vous responsable de prescrire les travaux des étudiants ? » D’autres sections donnent des conseils sur la façon de préparer les cours, de diriger les discussions, de transiger avec des étudiants perturbateurs et d’évaluer la participation et la rédaction des étudiants.

Je ne vais pas critiquer le guide parce qu’il contient beaucoup d’informations utiles et je le recommanderais aux enseignants et aux auxiliaires d’enseignement pour approfondir leur réflexion sur l’enseignement et l’apprentissage. Mais ce n’est plus le temps d’externaliser ce type de soutien, en espérant que les auxiliaires d’enseignement acquièrent des connaissances pédagogiques par eux-mêmes et en refusant de reconnaître que l’enseignement implique la gestion des aides-enseignants. Au fur et à mesure que les programmes de premier cycle et d’études supérieures seront normalisés grâce aux paramètres d’évaluation, nous devrons faire face à l’écart entre ce que nous enseignons à nos étudiants diplômés et ce que nous nous attendons à ce qu’ils sachent et soient capables d’accomplir. Pour ce faire, il faudra tenir compte de la quantité de temps consacrée à la gestion des AE. D’autre part, il faudra reconnaître tout le travail que font les aides-enseignantes et aides-enseignants dans nos programmes de premier cycle et de trouver des moyens de rendre l’ensemble de l’entreprise aussi non exploitante, encourageante et enrichissante que possible.

Je ne sais certainement pas comment résoudre cette situation. Mais, comme le dit le cliché, admettre qu’il y a un problème pourrait être la première étape. Reconnaître que nous avons matière à réflexion lorsqu’il s’agit d’enseigner aux étudiants diplômés, point à la ligne, est probablement une première étape encore plus cruciale. La question de la gestion des AE indique clairement et de façon immédiate, et illustre l’intersection de la pédagogie, de la disciplinarité et de la réalité en dollars et en cents du fonctionnement des universités.

Enseignants : que représentent les auxiliaires d’enseignement pour vous ? Auxiliaires d’enseignement: qu’est-ce que cela signifie pour vous ? Faites-nous le savoir en 800 mots ou moins ! Ou encore, quelles sont vos expériences en tant que responsable des AE ou comme AE ? Quelles sont vos expériences avec le « Guide-ressources des auxiliaires d’enseignement en histoire » de la SHC ? N’hésitez pas à communiquer avec moi à Danielle.Kinsey@carleton.ca pour écrire votre propre article à ce sujet sur notre blogue enseigner | apprendre de la SHC.