Jo McCutcheon
Depuis quelques années, mon approche envers des projets d’envergure s’est adaptée à la fois à la diversité des intérêts des étudiant.e.s quant aux raisons pour lesquelles ils/elles étudient l’histoire et aux façons dont les étudiant.e.s partagent leur apprentissage de l’histoire. Pendant plusieurs années, plusieurs des cours de premier cycle que j’ai enseignés comprenaient une option permettant aux étudiant.e.s de faire partie du Centre for Global Engagement, qui œuvrait avec des organisations et des institutions communautaires locales pour que les étudiant.e.s travaillent jusqu’à 30 heures par trimestre avec une organisation qui offrait une expérience complémentaire au contenu du cours. Pour ce blogue, je pense plus particulièrement à l’enseignement et à l’apprentissage de la vie des filles, des femmes et, si possible, des membres de la communauté homosexuelle.
Pendant les restrictions de la COVID, le service communautaire n’étais plus une option pour les cours que j’enseignais et j’ai plutôt œuvré à développer un devoir qui donnait aux étudiant.e.s l’occasion de créer l’histoire. Au cours des cinq dernières années, les étudiant.e.s ont eu l’occasion de tirer parti de la technologie pour créer des sites Web et des expositions en ligne, des baladodiffusions ou de courtes vidéos, généralement dans le contexte de l’histoire numérique et de l’apprentissage des moyens d’exploiter efficacement la technologie pour analyser, organiser et standardiser les sources afin de mieux comprendre le passé et de développer des compétences que de nombreuses institutions patrimoniales demandent de leurs employée.e.s.
En réfléchissant à la façon d’aborder ce travail, je me suis penchée sur l’évaluation, les attentes, les éléments obligatoires et les résultats d’apprentissage pour ce travail, que ce soit dans le cadre d’un séminaire de quatrième année intitulé Le passé matériel du Canada à l’ère numérique ou dans des cours plus ciblés sur l’histoire des femmes, des filles et des membres des communautés homosexuelles au Canada. J’ai également adapté le cadre systématique que je partage avec les étudiant.e.s sur la façon dont ils/elles localisent, étudient et utilisent les sources primaires dans leurs projets.
Ces travaux peuvent représenter entre 30 et 40 % de la note finale de l’élève. Tous les projets sont approuvés, et les élèves soumettent une proposition de projet qui peut être un plan ou une ébauche où les élèves partagent leurs idées, leurs défis et leurs questions sur leurs projets. Ils/elles doivent inclure les sources primaires et secondaires qu’ils/elles utiliseront pour se renseigner sur leurs sujets. Les propositions de projet comptaient auparavant pour 5 % de la note de l’étudiant.e, mais depuis quelques années, j’ai décidé d’en augmenter la valeur afin de démontrer l’importance de réfléchir à leurs projets dès le début du cours et de reconnaître le travail qu’ils accomplissent en vue de leur projet final. Pour les classes de première et deuxième année, le projet principal compte pour 30 % et pour 40% en ce qui concerne les étudiant.e.s de troisième et quatrième année.
Le travail que les étudiant.e.s entreprennent équivaut à la rédaction d’un travail de 2500 à 3000 mots pour les étudiant.e.s de première et deuxième année et de 3500 à 4000 mots pour les étudiant.e.s de troisième et quatrième année.
- Tous les travaux soumis, quel que soit leur format final, doivent comporter une bibliographie de sources secondaires et inclure des sources primaires. Les étudiant.e.s apprennent à utiliser Zotero lors du premier cours du trimestre pour les aider à conserver et à gérer leurs recherches.
- Tous les travaux soumis doivent comporter un court élément de réflexion (750 à 1000 mots) sur l’expérience d’utilisation d’objets matériels et de formalisation de leur cadre méthodologique.
- Tous les travaux soumis doivent comporter une brève introduction à leur travail. Les étudiant.e.s doivent examiner et décrire pourquoi ils/elles ont choisi l’approche et la méthode présentées dans leur projet final. Les étudiant.e.s peuvent discuter et décrire la façon dont ils/elles ont exploité la technologie pour entreprendre leur travail, y compris les sites Web, les recherches en ligne, les bases de données, l’exploration de texte et d’autres outils qu’ils/elles ont utilisés pour gérer de grands ensembles de données de photographies, de modèles en ligne, de livres de cuisine et d’autres outils liés à l’histoire matérielle.
- Quel que soit le format final de leur projet, le nombre de mots doit refléter les onglets, les billets, les scripts ou les descriptions qu’ils/elles rédigent pour leur projet final. Les étudiant.e.s qui ont créé une histoire sont invité.e.s à quantifier le temps qu’ils/elles ont consacré à leur travail, à photographier le processus de création et à inclure ces images dans les travaux soumis.
Cadres méthodologiques
Le contenu du cours comprend une introduction à la méthodologie introduite et adaptée par Smith et al. « Towards a Material History Methodology » Bulletin d’histoire de la culture matérielle, 22 (automne 1985) : 36-37.
Les élèves sont encouragé.e.s à prendre des notes qui décrivent le matériel, la construction, la fonction, la provenance, la signification et la valeur des objets matériels qu’ils/elles ont fabriqués ou qu’ils/elles souhaitent fabriquer. Ils/elles sont tenu.e.s de réfléchir aux connaissances et à l’expertise dont ils/elles ont besoin pour étudier cet objet. Dans la mesure du possible, les élèves sont encouragé.e.s à inclure des images et des hyperliens vers leur travail et les objets qu’ils/elles étudient. Pour les objets, cette méthodologie tient également compte d’un objet historique matériel, d’un un objet comparatif et de sources qui les aideront à comprendre l’objet en utilisant des sources supplémentaires. Ils/elles examinent comment ces objets peuvent nous en dire plus sur le genre, l’âge, la classe, l’ethnicité, la religion et l’identité. Les élèves ont utilisé cette méthodologie pour étudier les activités quotidiennes des filles et des femmes en matière de crochet, de broderie, de tricot et de couture.
Cette méthodologie peut également être adaptée pour étudier la nourriture et les diverses façons dont les femmes ont créé et fabriqué des aliments en temps supplémentaire. Les élèves peuvent utiliser des contextes personnels pour trouver des recettes ou utiliser des collections en ligne de livres de cuisine comme celle de l’Université de Guelph : https://www.lib.uoguelph.ca/archives/our-collections/culinary/canadian-cookbook-collection.
Pour cette approche, la méthodologie de l’histoire matérielle est adaptée pour analyser systématiquement les catégories d’analyse. Par exemple, ils/elles doivent décrire et examiner les ingrédients nécessaires à la fabrication de l’article. Ils/elles détailleront également, par écrit et à l’aide de photographies, les étapes de la cuisson/création/transformation des ingrédients et décriront et localiseront les outils et la technologie utilisés pour fabriquer l’article alimentaire. Une part importante de leur travail consiste à analyser la fonction ou l’objectif de l’article cuit ou cuisiné. La provenance est un élément clé de la fabrication des aliments, car elle oblige les élèves à rechercher où ils/elles peuvent se procurer les ingrédients et où les instruments et les outils nécessaires à la fabrication des aliments disponibles, aujourd’hui et à l’époque. Dans la dernière catégorie d’analyse, les élèves expriment le sens et la valeur qu’ils/elles ressentent et comprennent en fabriquant l’objet, en le plaçant dans son contexte historique et en apprenant à connaître l’objet auprès de leur famille, de leurs ami.e.s et des membres de leur communauté. Ce contexte peut inclure des événements et des occasions spéciales ou rituelles, le coût des ingrédients et des outils. À l’instar de la méthodologie utilisée pour étudier le crochet, la broderie, le tricot et la couture, les élèves peuvent étudier des exemples comparatifs d’articles et de recettes en explorant des recettes provenant de différentes périodes, de différents lieux, de différentes communautés ethniques et de différents moments historiques importants comme les conflits, les dépressions économiques et les mouvements migratoires.
Pour ce travail, les élèves se mettent souvent en relation avec leur famille, leurs ami.e.s et, dans certains cas, avec des membres de la communauté pour obtenir les informations et les compétences dont ils/elles ont besoin pour créer leurs projets. Cela favorise une approche différente de l’apprentissage et, pour certains élèves, c’est une façon significative d’impliquer leur famille dans l’apprentissage qu’ils entreprennent. Les élèves ont travaillé avec des grands-parents, des aînés et des créateurs qualifiés pour réfléchir à la vie des filles et des femmes en utilisant des techniques de réflexion historique.
Exemples d’objectifs d’apprentissage pour ce devoir et l’histoire des femmes au Canada
- Être capable d’articuler et de décrire comment la vie des filles, des femmes et des membres de la communauté queer de diverses identités, classes et cultures a changé au fil du temps.
- Évaluer une diversité de textes historiques, de textes littéraires, de sources primaires et d’outils numériques en les plaçant dans leur contexte historique en ce qui concerne les filles, les femmes et les membres de la communauté queer au Canada.
- Être capable d’identifier les ressources et le matériel de cours pertinents et de les intégrer à votre projet. Apprendre à l’intérieur et à l’extérieur de l’environnement de la classe.
- Démontrer vos capacités d’analyse et de lecture critique de sources secondaires et primaires en classe et en ligne, de manière respectueuse et professionnelle.
- Écrire convenablement en utilisant des outils et des ressources pour organiser et systématiser votre travail. Écrire avec soin et respect lorsque vous partagez vos idées et vos recherches liées à la vie des filles, des femmes et des membres de la communauté queer au Canada.
Ressources supplémentaires
Smith, et al. “‘Research Reports – Toward a Material History Methodology’ #22. Material History Bulletin (Fall 1985) Pages 31 to 40.” Memorial University of Newfoundland – Digital Archive Initiative. Consulté le 12 mai 2016. http://collections.mun.ca/cdm/compoundobject/collection/cbu/id/3834/rec/1
Fleming, McClung E. “Artifact Study: A Proposed Model.” Winterthur Portfolio 9 (1974): 153–73. McIntyre, W. John. “Artifacts as Sources for Material History Research.” Material Culture Review / Revue
Prown, Jules David. “Mind in Matter: An Introduction to Material Culture Theory and Method.” Winterthur Portfolio, Henry Francis du Pont Winterthur Museum Inc. University of Chicago Press, 17, no. 1 (Spring 1982).
Ulrich, Laurel Thatcher. “Of Pens and Needles: Sources in Early American Women’s History.” Journal of American History 77, no. 1 (June 1990): 200–207. https://doi.org/10.2307/2078652.
Les journaux et les magazines peuvent donner accès à des publicités pour la nourriture et les vêtements. D’autres bases de données comprennent des objets matériels et des ressources imprimées que les élèves peuvent explorer, ainsi que des sources que les élèves peuvent utiliser pour compléter leurs recherches :
- https://rechercher.ourontario.ca/Search
- https://www.lib.uoguelph.ca/archives/our-collections/culinary/canadian-cookbook-collection
- https://www.manitobafoodhistory.ca/
- https://www.glenbow.org/art-artifacts/collection-overview/
- https://collections.musee-mccord-stewart.ca/fr/collections
- https://app.pch.gc.ca/application/artefacts_hum/indice_index.app?lang=fr&w=&t=any&i=false&n=0&pID=1&r=50&s=1&v=none&l=l
- https://www.canadiana.ca/?usrlang=fr
- Bibliothèque et Archives Canada, « Les catalogues de vente par correspondance » https://www.bac-lac.gc.ca/fra/decouvrez/patrimoine-postal-philatelie/catalogues-vente-correspondance/Pages/catalogues-vente-correspondance.aspx
Jo détient un doctorat en histoire canadienne de l’Université d’Ottawa et enseigne à temps partiel au département d’histoire depuis 1997 et plus récemment à l’Institut d’études canadiennes et autochtones. Elle y donne une variété de cours en histoire canadienne et américaine, en mettant l’accent sur l’expérience des Autochtones, des Métis et des Inuits et en particulier l’histoire de l’éducation autochtone et des méthodes de recherche sur la micro-histoire. Elle a servi comme membre du Conseil d’administration au Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) et a siégé au sein de son comité de programme. Elle est également membre active de plusieurs comités associés de la SHC, y compris le Comité de l’histoire de l’enfance et de la jeunesse, le Comité canadien d’histoire numérique et le Groupe d’histoire publique. Ses travaux de recherche en cours portent sur l’utilisation de cheveux par les chercheurs qui désirent en savoir plus sur la construction du genre et grandir dans un contexte nordaméricain.