Récent.e.s lauréat.e.s
Le prix Albert-B.-Corey
Karen A. Balcom, The Traffic in Babies: Cross-Border Adoption and Baby-Selling between the United States and Canada, 1930-1973.
Au XXe siècle, de nombreux couples américains ont négocié avec des organismes canadiens pour adopter des enfants en bas âge nés au Canada, un flux nord-sud d’enfants qui était si peu réglementé que des administrateurs sans scrupules de maisons de maternité pour les mères célibataires se livraient à une activité internationale très rentable de « trafic de bébés ». Un grand nombre de ceux-ci étaient des enfants autochtones qui ont été adoptés par des parents non-autochtones ou bien des enfants de mères catholiques et protestantes qui ont été adoptés par des couples d’autres confessions à New York. Les abus d’adoption ont été particulièrement prononcés en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, au Québec et en Alberta, souvent avec la complicité de fonctionnaires provinciaux. De plus, le partage de compétence entre les provinces et les États (responsables des politiques de protection de l’enfance) et les gouvernements fédéraux (responsables de l’immigration) a créé des lacunes réglementaires qui ont été exploitées par les agences d’adoption.
Dans son étude minutieusement menée, The Traffic in Babies : Cross-Border Adoption and Baby-Selling between the United States and Canada, 1930-1972, Karen A. Balcom examine comment les travailleurs sociaux dans les deux pays ont collaboré d’un côté et de l’autre de la frontière internationale pour réformer et parfois créer des politiques concernant « la décision apparemment privée d’abandonner ou d’adopter un enfant », qui est à la fois « un acte chargé d’émotion et souvent profondément contesté sur la place publique » (11). En regroupant un ensemble complexe de documents de dépôts d’archives en Amérique du Nord, Traffic in Babies restitue les difficultés rencontrées par les réformateurs lorsqu’ils ont tenté d’améliorer les politiques transjurisdictionnelles de l’adoption et met en évidence l’importance de l’histoire transnationale bien conçue.
Mentions honorable (par ordre alphabétique)
Lisa Mar, Brokering Belonging: Chinese in Canada’s Exclusion Era, 1885-1945. Oxford University Press, 2011.
Concis et élégamment écrit, Brokering Belonging est très réussi. Lisa Rose Mar récompense son public avec un portrait admirablement équilibré d’un groupe facilement rejeté ou condamné – les intermédiaires qui ont facilité l’entrée d’immigrants chinois en Amérique du Nord au cours de la soi-disante « Ère d’exclusion » . En plus de donner vie à ces individus insaisissables et les nombreuses façons dont ils ont aidé les nouveaux arrivants chinois aux États-Unis et au Canada, Brokering Belonging constitue une intervention passionnante dans l’étude du monde transnational du Pacifique.
David Massell, Quebec Hydropolitics: The Peribonka Concessions of the Second World War. McGill-Queen’s University Press, 2011.
Le livre de David Massell est succinctement écrit et bien argumenté. Il intègre audacieusement les sources traditionnelles d’archives du Canada (en anglais et en français) et des États-Unis avec des sources orales autochtones afin de révéler le développement du complexe hydroélectrique du Québec durant la Seconde Guerre mondiale. Ce projet de grande envergure a émergé d’une complexité vertigineuse de politiques locale, provinciale et nationale, et comporte également des dimensions transfrontalières et internationales. L’œuvre de Massell nous oblige à repenser les idées reçues de l’historiographie de l’hydroélectricité québécoise, l’histoire des affaires et les relations canado-américaines.
(a été décerné à la réunion annuelle de la Société historique du Canada à l’Université de Waterloo)