Récent.e.s lauréat.e.s
Le prix de la revue de la SHC (Le meilleur article tiré des numéros 1 et 2)
#1
Kathryn Harvey. « Tout est dans l’emplacement : David Ross McCord et la construction de l’histoire du Canada »
Cette étude sur le musée national McCord de Montréal examine le rôle de l’emplacement dans la création de la mémoire personnelle et publique. Son fondateur, David Ross McCord, a cherché à mettre en valeur une version de l’histoire du Canada dans laquelle la famille et les mythes personnels se fondaient avec le concept de la nation. Le récit très personnel de McCord sur les origines du Canada a été conçu dans l’enceinte privée de sa demeure et se manifeste à travers l’acte répétitif de la remémoration.
# 2
Charlotte Macdonald, « Between religion and empire: Sarah Selwyn’s Aotearoa/New Zealand, Eton and Lichfield, England, c.1840s-1900″
À partir de la biographie de Sarah Selwyn (1809-1907), femme du premier évêque anglican de Nouvelle-Zélande, cet article étudie les forces dynamiques qui sous-tendent les déplacements géographiques et les communautés de relations variables grâce auxquelles le monde impérial du milieu du XIXe siècle a pu se constituer. Tiraillée entre les forces en jeu (Empire et religion, mission et Église, High Church et évangélisme, Européens et Maoris ou Mélanésiens), la vie de Sarah illustre les réseaux complexes qui soutiennent (et parfois contribuent à saper) l’autorité coloniale et l’autorité religieuse. Sarah s’était embarquée pour la Nouvelle-Zélande à la fin 1841, à l’apogée d’un mouvement d’idéalisme missionnaire et humanitaire anglais, pour arriver dans une société maorie hiérarchique et dans l’ensemble christianisée. Au moment de son retour en Angleterre, en 1868, l’Église et la société coloniales, désormais sous emprise européenne, s’étaient ralliées à l’idée d’un gouvernement dirigé par les colons qui allaient s’armer contre les Maoris « rebelles » dans une lutte pour la souveraineté. Plus tard dans sa vie, Sarah Selwyn s’est faite la narratrice réticente de sa vie « coloniale », au moment où elle était témoin de l’émergence d’un Empire plus séculier, dans l’enceinte de la cathédrale Lichfield où son mari était évêque. L’auteure reconstitue ici les réseaux personnels de l’Empire dans le cadre de communautés métropolitaines et coloniales larges et changeantes, qui sont passées de l’idéalisme des années 1840 à un climat plus punitif à la fin du XIXe siècle. L’analyse évoque le contexte général dans lequel une vie s’est vue marquée par les ambiguïtés liées à l’affirmation d’une identité chrétienne au sein du monde colonial, Sarah représentant l’Empire tout en étant une critique acharnée de la politique impériale, étant une croyante de la haute société se rattachant à la High Church tout en vivant aux côtés de missionnaires évangéliques, et étant une personne pour qui la vie en Nouvelle-Zélande représentait tout à la fois une profonde disjonction et un récit déterminant.