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Nicholas Rogers

Le prix Wallace-K.-Ferguson

1999

Nicholas RogersCrowds, Culture and Politics in Georgian Britain (Clarendon Press).
Crowds, Culture and Politics in Georgian Britain est une étude magnifiquement structurée qui décrit brillamment le rôle fluctuant des foules sur les politiques britanniques durant la période 1714-1821. Ce livre s’inscrit dans la ligne de pensée de Georges Rudé et de E.P. Thompson, mais pousse plus loin le raisonnement et offre une redéfinition des frontières du politique qui tient compte des pressions exercées par l’activisme de rue plébéien. Le professeur Rogers traite aussi des sujets suivants : les comportements populaires jacobites, la politique de guerre et de disette, la résistance aux bandes, la popularité révélatrice de l’amiral Keppel, traduit en conseil de guerre, les soulèvements Gordon, la célébration de fêtes politiques, les réactions à la Révolution française, la place publique et la composition sexuelle des foules, de même que les démonstrations populaires liées au refus de la cour de reconnaître la reine Caroline en 1820-1821.
Pour éclaircir ces événements et les questions qu’ils soulèvent, le professeur Rogers dispose d’un arsenal de preuves qu’il manie avec doigté et grande compétence. L’auteur ne se contente pas d’illustrer en plus détaillée qu’avant l’immense emprise de la foule – ou des foules – sur les politiques georgiennes. Se basant sur un riche corpus de sources, il examine aussi la présence quotidienne, sectaire et protonationaliste de la foule, ainsi que son radicalisme, qui a été plus fréquemment étudié. Il situe fermement les actions des masses populaires dans le contexte d’une élite en quête de reconnaissance publique. Enfin, il soutient que dans les années 1790, les foules ont changé leurs façons de s’organiser et de se mobiliser, ce qui a eu pour effet de les soustraire au contrôle de l’élite et de timidement teinter leurs politiques de valeurs démocratiques.
Adroitement construit et rédigé dans un style vif et élégant, l’ouvrage du professeur Rogers se distingue des autres livres du genre par ses propos nuancés mais convaincants, par sa subtile complexité et par son discours théorique approfondi. Crowds, Culture and Politics apporte une contribution originale et passionnante à un important domaine de la recherche historique.

Mentions honorables :
Victoria DickensonDrawn From Life: Science and Art in the Portrayal of the New World (University of Toronto Press)
Drawn From Life : Science and Art in the Portrayal of the New World est un récit innovateur, clair et superbement illustré sur la façon dont les naturalistes européens du XVIe siècle et leurs successeurs s’y sont pris pour décrire visuellement la faune et la flore du Nouveau Monde nord-américain. Ils eurent pour cela recours à des méthodes relativement nouvelles et cette démarche innovatrice, lorsqu’on l’analyse bien, en dit long sur les naturalistes eux-mêmes et sur leur société. Posant comme principe que le style de l’image est indissociable de sa signification historique et qu’en comprenant ce style, on enrichit nécessairement sa connaissance de l’histoire, Victoria Dickenson scrute dans cette optique le sens des images qui constituent les documents de base de son livre. Elle s’intéresse donc aux images décorant les cartes du début du XVIe siècle sur le Nouveau Monde nordique et illustrant les anciens récits et notes de voyage. Elle examine un grand nombre de planches botaniques, d’illustrations d’oiseaux, d’animaux, de poissons et de fleurs qui paraissent, et sont même réimprimées dans la presse européenne, au cours de la période s’étendant du XVIe au début du XIXe siècles. Tout au long de son ouvrage, elle relie les images aux textes qui les accompagnaient, insistant sur l’importance de leur complémentarité.
L’analyse conjointe du texte et de l’image permet à l’auteure de constater une évolution du sens de l’expression « peindre d’après nature » : elle décelle une transition – quoiqu’incomplète – entre l’intérêt que l’on porte à la nature comme source de métaphore et l’intérêt qu’on lui accorde comme entité « autre » réelle et magnifiquement diversifiée. Victoria Dickenson fait preuve d’une fine ingéniosité, d’une impressionnante compréhension de l’histoire matérielle de l’image et d’une conviction passionnée sur la pertinence de sa recherche

Claire DolanLe notaire, la famille et la ville (Aix-en-Provence à la fin du XVIe siècle) (Presses universitaires du Mirail)
Le notaire, la famille et la ville (Aix-en-Provence à la fin du XVIe siècle)
est le fruit de recherches méticuleuses; s’appuyant sur une méthodologie pénétrante, l’auteure tisse sur le canevas de l’histoire urbaine et notariale le portrait de la famille et explique les méthodes de transmission de la propriété ainsi que les processus sociaux de la vie urbaine et professionnelle dans la capitale de la Provence à la fin du XVIe siècle.
L’ouvrage comporte une partie d’un très grand intérêt sur l’histoire de la famille au début de l’époque moderne, histoire que l’auteure a reconstituée en étudiant la disposition des biens familiaux. Claire Dolan avance ici de nombreuses idées et présente une analyse convaincante de l’histoire des notaires, retraçant avec brio leurs carrières, leurs familles, leurs origines et leur montée sociale. Le livre lève aussi le voile sur les phénomènes plus vastes de l’immigration, de l’intégration et de la mobilité sociales au début de la vie urbaine moderne.
Les membres du jury du prix Ferguson ont été impressionnés non seulement par l’étendue de la recherche de Claire Dolan et par la variété des sujets de l’histoire de France du XVIe siècle qu’elle explore et éclaire, mais aussi par la manière attentive, réfléchie et souvent innovatrice dont elle interroge ses sources. Les membres du jury ont conclu que Le notaire, la famille et la ville constitue une contribution majeure aux recherches actuelles sur le XVIe siècle français et sur l’histoire européenne du début de l’époque moderne en général.