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Peter Gerald Bannister

Le prix John-Bullen

2000

Peter Gerald Bannister, The Custom of the Country: Justice and the Colonial State in Eighteenth-Century Newfoundland (University of Toronto).

La thèse de M. Bannister est remarquable, en ce qu’elle démontre que la société terre-neuvienne n’était pas aussi « primitive » qu’on nous le laissait croire. Au contraire, même si elle ne s’organisait pas autour des traditionnelles institutions britanniques politiques et judiciaires, elle appliquait néanmoins le common law, respectait certains us et coutumes et comptait sur la marine britannique pour maintenir l’ordre social, tout cela contribuant à en faire une société dynamique, complexe et totalement fonctionnelle. Peter Bannister montre clairement comment la marine britannique s’inspira de la notion du précédent judiciaire pour faire respecter l’ordre, jusqu’à l’élection d’une assemblée coloniale en 1832. Il explique comment les établissements anglo-irlandais ont été administrés en analysant méticuleusement la façon dont la loi était établie, négociée et contestée.

La thèse de Peter Bannister remet judicieusement en question une bonne partie de l’historiographie de Terre-Neuve et de façon plus générale, elle contribue à nous révéler les diverses facettes de l’Empire britannique. Sa recherche renouvelle l’histoire de Terre-Neuve, qui était jusqu’alors étroitement interprétée et isolée de son contexte impérial. La thèse repose sur une argumentation admirablement limpide, surtout en ce qui a trait aux questions de droit, qualité trop fréquemment absente dans les ouvrages qui traitent de tels sujets historiques. L’étude de M.Bannister vient également éclaircir le débat actuel entre les historiens canadiens et américains sur la formation de l’État en histoire.

Mention honorable :
Susan Neylan, « The Heavens Are Changing »: Nineteenth Century Protestant Missionization on the North Pacific Coast (University of British Columbia).

La recherche de Susan Neylan porte sur les relations entre les missionnaires protestants et les autochtones de la côte nord-ouest de la Colombie-Britannique pendant la deuxième moitié du XIXesiècle. Centrée sur la notion de «pouvoir», l’étude démontre que les autochtones n’étaient pas que de simples agents du prosélytisme européen et que les peuples autochtones pouvaient influencer les missionnaires, souvent au point de modifier la pensée et la pratique chrétiennes. Par contre, les autochtones (Tsimshian) empruntèrent beaucoup à celles-ci. En ce sens, ces interactions sont «dialogiques», et ne doivent pas être vues comme des conversions, résultats de représailles simplistes contre les autochtones.
La brillante argumentation de Susan Neylan se manifeste dans sa façon de réinterpréter les sources et dans sa manière de recourir à la fois à l’ancienne documentation et aux idées fondamentales développées par des théoriciens, notamment Michel Foucault. L’écriture est subtile, mais assurée et claire; l’auteure fait preuve d’une profonde connaissance des pratiques religieuses autochtones et des variantes de la théologie chrétienne. Sa thèse aura un profond impact sur les études internationales portant sur les interactions entre chrétiens et autochtones.