Récent.e.s lauréat.e.s

Prix du meilleur livre en histoire politique
Tina Loo. Moved by the State, Forced Relocation and Making a Good Life in Postwar Canada. UBC Press, 2019.
Moved by the State est une œuvre magistrale. Elle est aussi impressionnante par son ampleur que par le poids intellectuel de son argumentation. S’appuyant sur des études de cas de l’Arctique à l’Atlantique, au Pacifique et à travers le pays, Loo nous raconte l’histoire des délocalisations forcées au Canada tout en mettant en évidence les liens entre le contexte canadien et les histoires mondiales de développement social et économique. Elle souligne la façon dont la race, le genre, la classe sociale et le clivage urbain/rural ont modelé de telles délocalisations. Ce faisant, elle accorde une attention particulière aux conflits au sein des communautés ainsi qu’à ceux qui ont surgi entre l’État et les personnes dont le domicile a été ciblé par les programmes de déplacement. Loo reconnaît les tentatives optimistes d’utiliser les ressources publiques afin d’aider les gens et encourager la démocratie participative, mais elle prête également une attention certaine aux limites et aux conséquences inattendues de tels efforts. Ceux qui ont été ciblés par les délocalisations ont trouvé dans la « participation citoyenne » de nouveaux moyens de s’exprimer au pouvoir. À bien des égards, ils ont défini « la belle vie » selon leurs propres termes, en contradiction avec ceux des modernisateurs. Dans son exploration des liens complexes entre le développement, la démocratie et l’autonomisation, Moved by the State nous montre les origines des problèmes politiques auxquels nous sommes encore confrontés aujourd’hui. Il s’agit d’une enquête importante et inspirante sur l’ordre libéral au Canada dans la seconde moitié du XXe siècle.
Mention honorable
Sarah A. Nickel. Assembling Unity: Indigenous Politics, Gender and the Union of BC Indian Chiefs. UBC Press, 2019.
Assembling Unity est une exploration fascinante de l’histoire politique autochtone. S’appuyant sur l’histoire orale, la théorie autochtone et l’analyse sexospécifique, Nickel replace l’Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique (UCICB) dans l’histoire plus vaste de l’organisation politique autochtone, ainsi que dans les courants mondiaux de résistance anticoloniale. Elle explore la façon dont « l’unité » a été comprise et déployée par divers acteurs politiques. Dans cette veine, elle discute de l’impact politique des femmes autochtones, à la fois en tant qu’individus et par le biais d’organisations telles que la British Columbia Indian Homemakers’ Association. Elle apporte également une analyse féministe autochtone sur les images et les pratiques des militants politiques autochtones. En s’axant les voix et l’organisation politique des autochtones, Assembling Unity nous donne une nouvelle perspective sur les débats politiques et constitutionnels des années 1970 et 1980. Outre les relations entre l’UCICB et les gouvernements colonisateurs, Nickel met en lumière l’interaction complexe entre et au sein de la base des communautés autochtones et de l’organisation. Somme toute, cette œuvre constitue une contribution inestimable à l’histoire de la politique autochtone en soi ainsi qu’à notre compréhension des relations entre les peuples autochtones et non autochtones au cours des longues années 1970.