Récent.e.s lauréat.e.s
Le prix Albert-B.-Corey
Sharon A. Roger Hepburn, Crossing the Border: A Free Black Community in Canada
L’ouvrage de Sharon Hepburn, Crossing the Border, est l’histoire éloquente et exhaustive de la collectivité planifiée de Buxton (Ontario), lieu d’accueil de réfugiés noirs libres. Au fil de sa narration richement étoffée, l’auteure évoque les courants transatlantiques touchant à l’abolitionnisme ainsi que l’activisme transfrontalier des partisans canadiens et américains de l’émancipation. Par la même occasion, elle compare les politiques raciales de chaque pays. Navigant entre une micro-échelle axée sur les citoyens déterminés de Buxton (depuis la fondation du village en 1849) et une vue panoramique s’intéressant aux complexités de la politique raciale et de l’esclavage telles que perçues par l’historiographie américaine et canadienne, Hepburn présente un aperçu incisif d’une des rares réussites de développement de la conscience communautaire d’une population de réfugiés noirs au XIXe siècle.
Sharon A. Roger Hepburn est professeure et directrice du département d’histoire à l’Université Radford, à Radford en Virginie.
MENTIONS HONORABLES
Ann M. Little, Abraham in Arms: War and Gender in Colonial New England. University of Pennsylvania Press, 2007.
Dans Abraham in Arms, Ann Little fait valoir que tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, les notions relatives aux rapports hommes-femmes et à la famille véhiculées par l’Église ont servi à nourrir l’interprétation que les colons de la Nouvelle-Angleterre, de la Nouvelle-France et des « contrées indiennes » se faisaient de la guerre interculturelle qui les divisait. Cet ouvrage emprunte de façon astucieuse et novatrice aux disciplines s’intéressant à la religion, aux rapports sociaux entre les sexes, à la famille, à la diplomatie et à la guerre pour rappeler avec éloquence qu’aucune étude portant sur les conflits ne peut esquiver la question des sexes et de la famille pour comprendre le modèle normatif de la violence. En ce sens, cette étude s’annonce marquante pour les historiens des lieux et du passé lointains.
Karolyn Smardz Frost, I’ve Got a Home in Glory Land : A Lost Tale of the Underground Railroad. Thomas Allen, 2007.
I’ve Got a Home in Glory Land est l’histoire magnifiquement relatée de l’évasion, de la capture, de la nouvelle fuite et finalement du procès d’extradition de Thornton Blackburn et de sa femme Lucie dans les années 1830. Les Blackburn se sont ultérieurement installés à Toronto, où ils ont mené une vie relativement stable et prospère jusqu’aux années 1890. Reconstitution historique extraordinaire, ce récit touchant du parcours de ces deux personnes dans le « chemin de fer clandestin » révèle aussi que le refus d’extrader les Blackburn, motivé par une combinaison d’altruisme et de patriotisme en gestation, a joué un rôle important dans la concrétisation des relations juridiques et diplomatiques entre les colonies canadiennes et les États américains. L’ouvrage de Frost, tout à la fois novateur et fascinant, met au jour un aspect constitutif des relations canado-américaines.
(Le prix a été décerné à la réunion annuelle de la Société historique du Canada à l’Université de la Colombie-Britannique)