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La recherche d’emploi (hors université)

La recherche d’emploi (hors université)

Revu et augmenté par Lindsey Bilodeau, candidate au doctorat, Victoria University of Wellington, et Jenny Ellison, PhD, conservatrice de la section « sports et loisirs » au Musée canadien de l’Histoire, avec des contributions de Gillian Leitch, PhD, CDCI Research, et Michael Eamon, PhD, principal du Catherine Parr Traill College, Trent University

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Aujourd’hui, les diplômés en histoire ont plus de probabilités de travailler hors des universités. C’est pourquoi ce chapitre présente des informations sur la recherche d’emploi pour des postes dans lesquels on est davantage susceptible d’employer l’histoire – les secteurs public et privé, les musées des beaux-arts, les bibliothèques, les archives, les musées, et le travail en tant qu’indépendant ou administrateur de recherche. Si vous cherchez des renseignements sur la recherche d’emploi dans le monde universitaire, vous les trouverez au chapitre suivant.

L’histoire et les autres diplômes du domaine des « arts » vous confèrent d’importantes compétences transférables qui vous permettront de progresser dans votre carrière. Parler de « compétences » en relation avec les études supérieures est un phénomène relativement récent. Pour certains, cela implique que la formation universitaire est destinée à vous préparer au travail, et qu’en nous focalisant sur cette question, nous dévaluons l’enseignement en sciences humaines. Ce n’est pas vrai. Tout travail exige un ensemble de compétences et d’aptitudes qui s’appliquent à différents défis et projets.

Depuis ces dernières années, le mot « académique »[1] est en anglais le terme par essence qui sert aux historiens à décrire leur recherche d’emploi. Dans de nombreux articles en anglais, les emplois sont qualifiés d’« alt ac » (alternatifs à « l’académie ») ou de « post-ac » (postérieurs à « l’académie »), de « non académiques » ou d’académiques. Voyez-vous une tendance ici ? Les emplois significatifs en histoire vont bien au-delà de cette classification des postes uniquement en relation avec l’université. Ici nous dressons leur portrait, loin du monde universitaire.

Pour commencer votre recherche

Au moment de penser à vos objectifs de carrière et de préparer votre recherche d’emploi, il n’est pas inutile de vous replonger dans ce qui vous a attiré vers les études supérieures à l’origine. Était-ce un désir de changement social, l’amour de la recherche ou la passion de l’enseignement ? Vous pouvez aussi réfléchir à vos points forts et à vos préférences. Aimez-vous les journées de travail structurées, « de neuf à cinq » ? Êtes-vous meilleur sur les délais courts ou longs ? Qu’est-ce qui vous exalte ? Qu’est-ce qui draine votre énergie ? Vos réponses à ces questions sont des points de départ potentiels pour réfléchir à ce à quoi vous allez consacrer votre énergie, et ce sur quoi vous allez vous concentrer dans le cadre de votre recherche d’emploi. Il est possible que vous trouviez de multiples réponses à ces questions, ce qui est très bien ! Pensez simplement à adapter vos documents et votre approche aux différentes pistes de carrière. Vous trouverez des idées pour cela dans les sections ci-dessous.

La recherche constitue une autre partie considérable de la recherche d’emploi. Renseignez-vous pour connaître les types d’emploi disponibles. En plus de ce guide, de nombreux organismes (y compris la Société historique du Canada), des universités et des consultants privés proposent des « profils professionnels » qui présentent le travail de personnes ayant des diplômes en histoire. Ils ont été créés pour donner une idée de la façon dont l’histoire est pratiquée dans différents contextes. Au cours de vos études supérieures, vous n’avez peut-être pas eu beaucoup d’opportunités d’en savoir davantage sur le travail dans d’autres domaines. Les profils professionnels et les guides vous donnent un aperçu des types de professions possibles. Les professeurs qui lisent ce guide peuvent aussi tenir ces informations à cœur. Pensez à la façon dont vous pourriez inclure des devoirs ou des travaux en classe, ou bien inviter des intervenants extérieurs, pour que vos étudiants aient une meilleure idée des différentes orientations professionnelles possibles.

Vous pouvez également effectuer des recherches en ligne par l’intermédiaire de réseaux tels que LinkedIn ou des sites Internet d’organismes publics et privés pour vous faire une idée des emplois disponibles. Examinez les intitulés de postes, les offres d’emploi et, lorsque c’est possible, les exemples de travaux qu’effectue l’organisme ou l’institution à qui vous soumettez votre candidature. Si vous pouvez vous imaginez dans ces rôles, essayez d’obtenir des entrevues pour obtenir davantage d’informations. Si vous ne connaissez personne qui ait un emploi de ce type, il vous suffit d’envoyer un bref courriel ou une demande sur LinkedIn à quelqu’un qui fait un métier qui vous intéresse. Expliquez-lui qui vous êtes, la raison pour laquelle vous le contactez, et demandez-lui s’il peut vous consacrer une demi-heure de son temps pour discuter de son expérience professionnelle. Vous n’obtiendrez pas de réponse de tout le monde, mais certains vous recontacteront. Gardez à l’esprit que ces conversations n’ont pour objectif que de vous informer. Elles ne doivent pas servir à demander du travail ou être considérées comme des mini-entretiens d’embauche. Posez des questions : à quoi ressemble une journée de travail ordinaire ? À quel type de projets se consacrent-ils et quels sont les délais pour cela ? Y a-t-il des possibilités de formation et d’avancement ? À quel rythme embauchent-ils et à quoi doivent s’attendre les candidats ?

Tailler votre recherche d’emploi sur mesure

Plus bas, vous trouverez différents domaines dans lesquels « on emploie l’histoire ». Nous avons évité les étiquettes telles que « histoire publique » ou secteur « des bibliothèques, des archives et des musées ». Nous nous concentrons ici sur les endroits les plus susceptibles « d’employer l’histoire ». Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive, mais d’une liste indicative en fonction des catégories suivantes :

1)    Musées et centres culturels

2)    Secteur public

3)    Archives

4)    Secteur privé

5)    Travail Communautaire

6)    Travail indépendant/contractuel

7)    Administration universitaire et de la recherche

Pour chacune de ces catégories vous trouverez une brève description du domaine et des types de métiers que vous pourriez y exercer, des outils pour la recherche d’emploi et des profils professionnels. À la fin de ce chapitre, vous trouverez quelques conseils généraux sur la façon de composer un CV et des lettres de candidatures, et sur la façon de vous préparer aux entretiens d’embauche.

1 – Musées et centres culturels

a.    Le domaine

Au Canada, les musées vont des grandes institutions de recherche sous financement public aux petits musées locaux, consacrés à un art particulier. Au sein des musées, il existe de multiples rôles potentiels pour des diplômés en histoire : conservateurs, éducateurs muséaux, développeurs créatifs (qui vulgarisent la recherche pour le grand public), publicitaires, gérants des collections (qui cataloguent et placent les objets dans les musées), et spécialistes de la conservation (qui veillent à la préservation des artefacts).

Dans l’ensemble, au niveau fédéral et dans les institutions financées au niveau provincial (comme le Musée des Beaux-Arts du Canada, le Musée canadien de l’immigration du Quai 21, le Royal BC Museum), ces rôles sont bien distincts. Les conservateurs ne touchent pas aux collections, et les publicitaires ne font pas de recherche. Dans les musées plus petits, le personnel tend à occuper plusieurs fonctions, par exemple conservateur et leveur de fonds, gérant des collections et des expositions, directeur de musée et publicitaire. Dans les plus grands musées, on exigera de vous que vous soyez bilingue, maîtrisant l’anglais et le français (ou du moins ce sera un atout). Dans les centres culturels consacrés aux groupes autochtones et dans les institutions régionales, d’autres langues pourraient également être les bienvenues.

En travaillant dans un musée, vous aurez très largement recours à votre connaissance de l’histoire. Si vous avez une fonction de conservation ou d’éducation, vous devrez vous consacrer à un domaine plus large que celui de votre thèse – probablement toute une région, un pays entier ou un sous-champ de l’histoire. Les métiers de développeur créatif, de gérant des collections et de spécialiste de la conservation exigent une formation plus spécialisée, et il vous faudra sans doute obtenir un certificat ou un diplôme pour exercer dans ces domaines. Mais même là, une formation en histoire vous procurera dans ces métiers des compétences significatives, et une capacité de mettre les choses en contexte.

Si vous avez moins de trente ans, vous êtes éligible au programme gouvernemental « Jeunesse Canada au travail », dont fait partie l’Association des musées canadiens. Ces emplois rémunérés procurent aux jeunes une expérience professionnelle dans les musées de tout le pays. De tels programmes vous donnent l’opportunité de tester différents types d’emplois et de vous créer un réseau auprès des professionnels des musées. Gardez aussi à l’esprit que certains programmes d’études supérieures vous donnent l’opportunité d’acquérir une expérience de ces endroits dans le cadre des cours. Vérifiez avec votre directeur d’études s’il existe des cours optionnels tels que des lectures dirigées qui vous permettraient d’explorer ce domaine. Certaines institutions proposent également des emplois étudiants durant l’été ; consultez leur site Internet pour en obtenir la liste.

Si travailler dans ce domaine vous intéresse, familiarisez-vous avec les problèmes et les débats qui y ont cours actuellement. Vous trouverez de l’information à ce sujet sur les sites Internet ou sur les chaînes des médias sociaux d’organismes tels que l’Association des musées canadiens, les associations provinciales de musées, le Museum Computing Network (mcn.edu) et Museum Next (https://www.museumnext.com/), entre autres.

b.    Outils pour la recherche d’emploi

·      Association des musées canadiens, « Emploi patrimoine et Jeunesse Canada au travail » : https://museums.ca/site/aboutthecma/careersheritageycw?language=fr_FR

·      Work in Culture: https://workinculture.ca/

c.    Profil professionnel : Laurie Dalton

Quel est votre rôle actuel ?

Je suis la directrice/conservatrice d’un musée des beaux-arts universitaire. J’effectue des recherches pour l’organisation de quatre à six expositions par an, je supervise et développe une collection de plus de 2500 œuvres d’art ; et je gère la publicité et les médias sociaux. Je planifie également des programmes pour toucher les écoles, les groupes communautaires et les classes d’étudiants à l’université. Je suis également professeure associée au département d’histoire et des humanités à l’Université Acadia. En moyenne, j’enseigne un ou deux cours par an. J’effectue aussi activement des recherches qui portent en gros sur les liens transnationaux au sein de la culture canadienne et des récits muséaux.

Quels diplômes avez-vous ?

J’ai un baccalauréat spécialisé en histoire de l’art, une maîtrise en histoire de l’art et un doctorat en études canadiennes.

Avez-vous travaillé durant vos études, et si oui, vos emplois avaient-ils un lien avec votre diplôme ?

Oui, j’ai travaillé durant tout le temps de mes études. Certains emplois étaient directement liés à mes études (j’ai été assistante dans un musée des beaux-arts), mais d’autres (employée dans un café, une librairie, etc.), bien que sans lien direct, m’ont aidée à acquérir une bonne éthique de travail et des aptitudes en relations humaines – qui sont également importantes en tant que conservatrice d’un musée public.

Quand avez-vous commencé à postuler pour des emplois correspondant à votre dernier diplôme ?

J’ai commencé à envoyer des candidatures après avoir terminé mes examens généraux. Il n’y a pas beaucoup d’emplois dans le domaine de la conservation muséale associée à l’enseignement, aussi je postais mes candidatures dès que j’en voyais. J’ai obtenu l’emploi que j’occupe actuellement tout en terminant mon doctorat.

Quel est l’outil de recherche ou le programme universitaire de soutien que vous avez trouvé utile dans votre recherche d’emploi ?

Le Réseau canadien d’information sur le patrimoine est une bonne ressource. Le réseau H-Net est aussi une bonne source d’emplois et d’opportunités de recherche.

Quelle est la compétence qui vous a été la plus utile dans votre candidature à votre poste actuel ?

La détermination. Il est important d’avoir de fortes compétences en recherche, mais être d’un abord facile, et intéressante en entrevue, est aussi essentiel.

Si vous enseignez ou faites encore partie du monde universitaire, pourriez-vous décrire le processus par lequel vous avez soumis votre candidature et commencé votre carrière ? D’après votre expérience, pourriez-vous nous donner des conseils au sujet de la négociation de contrat et du travail sur les comités ?

La négociation de contrat est délicate : en général, on est simplement heureux d’avoir décroché un emploi ! Je suggérerais de discuter avec les autres personnes de l’institution pour leur demander conseil. Le travail sur les comités est important, mais il faut faire attention à l’équilibrer avec votre travail si vous n’avez qu’un contrat temporaire. Je suggérerais aussi fortement de siéger sur des comités extérieurs à votre organisme, que ce soit au niveau local, provincial ou national. Ils constituent d’importantes opportunités de vous construire un ensemble de compétences et un réseau. Ma position de conservatrice dans un musée universitaire des beaux-arts fait partie d’une unité collective de négociation (la même que celle des professeurs et des bibliothécaires). Mais chaque endroit est différent. En règle générale, je vous conseillerais de travailler pendant vos études – cela facilite beaucoup la transition, c’est une compétence clé à acquérir en termes de gestion du temps, et cela vous maintient en contact avec le monde « extérieur » à l’université. De plus en plus d’études montrent que les entreprises se mettent à apprécier les compétences des diplômés en sciences humaines – aussi, rédigez votre CV de manière à souligner ces points forts. Vous ne devriez pas non plus vous focaliser sur l’idée qu’un travail « universitaire » serait votre unique option – vous pouvez emprunter beaucoup de chemins passionnants et épanouissants avec votre diplôme.

Comment êtes-vous parvenue à équilibrer vos préférences personnelles, par exemple les villes où vous préfériez vivre ou non, les institutions ou les entreprises dans lesquelles vous vouliez travailler ou non, avec la nécessité de trouver un travail et d’acquérir de l’expérience ?

C’est un choix très personnel. Cependant, je pense que la réussite dans notre travail est aussi en lien avec notre qualité de vie. Mon conseil essentiel est de choisir ce qui vous convient le mieux, et non pas ce que les autres attendent de vous. Votre carrière, aussi épanouissante qu’elle soit, ne devrait pas être votre seule préoccupation. Je sais que quand j’aurais cent ans, je ne penserai pas que j’aurais dû rédiger un article de plus, ou assister à une conférence de plus… j’espère au contraire que j’aurais eu une vie équilibrée : les gens que j’aurais rencontrés, les voyages que j’aurais faits, les liens que j’aurais créés.

À la fin de vos études, qu’auriez-vous aimé savoir au sujet de la recherche d’emploi ?

Je dirais, ne pas prendre les choses personnellement. Parfois une personne a déjà été sélectionnée pour le poste au moment même de l’affichage de l’annonce. Il peut y avoir des questions de politique interne en jeu, qui n’ont rien à voir avec vos compétences ; mais restez dans la course et vous trouverez la place qui vous convient.

d.    Profil professionnel : Elizabeth Scott

Quel est votre rôle actuel ?

Je suis conservatrice du Western Development Museum, qui est un musée d’histoire dépendant de la province de la Saskatchewan. Je suis également professeure associée au département d’histoire de l’Université de la Saskatchewan. Je dirige un département de conservation qui emploie huit personnes. Nous avons la responsabilité de veiller sur les plus de 75 000 artefacts de notre collection et de stimuler l’intérêt pour l’histoire de la Saskatchewan au moyen d’expositions, de recherches, de publications, de communication et d’éducation. En tant que musée généraliste, nous couvrons un grand éventail de sujets sociaux, culturels et économiques.

Quels diplômes avez-vous ?

J’ai un baccalauréat en histoire et études autochtones, une maîtrise en histoire et un doctorat en histoire.

Avez-vous travaillé durant vos études, et si oui, vos emplois avaient-ils un lien avec votre diplôme ?

Au premier cycle, je travaillais à mi-temps dans deux emplois qui m’ont permis d’acquérir des compétences administratives. Aucune de ces deux expériences n’était directement liée à mes diplômes, mais elles m’ont permis d’acquérir une expérience précieuse qui m’a conduite plus tard vers des emplois où j’ai progressivement eu plus de responsabilités, et finalement vers un travail alternatif à l’université, dans mon domaine. J’ai également travaillé dans le commerce de détail pendant un an, après ma première année d’études. Cela m’a donné une grande expérience du service à la clientèle. J’ai également été bénévole pour mon parti politique au premier cycle et pendant ma maîtrise. J’ai travaillé dans mon domaine pendant ma maîtrise, en tant que chargée de cours.

Quand avez-vous commencé à postuler pour des emplois correspondant à votre dernier diplôme ?

Je ne cherchais pas activement à revenir dans le monde du travail à la fin de mon doctorat, car j’étais en congé maternité.

Pouvez-vous nous dire brièvement quel est l’outil de recherche ou le programme universitaire de soutien (le cas échéant) que vous avez trouvé utile dans votre recherche d’emploi ?

J’ai trouvé mon emploi actuel sur Facebook, par pur hasard ! Je ne cherchais pas de travail.

Pouvez-vous décrire brièvement la compétence qui a été décisive dans votre candidature à votre poste actuel ?

Pour moi, la compétence qui ressort le plus, ce sont les responsabilités que l’on m’a confiées progressivement dans chacun des emplois que j’ai occupés avant d’obtenir mon diplôme. Une expérience administrative est perçue comme un atout important dans tout emploi de la fonction publique. Par exemple, pour mon emploi actuel, je répondais au critère « capacité d’établir un budget » parce que j’avais été responsable d’un budget en qualité d’agent de la citoyenneté, de même que lorsque j’avais fait partie du conseil d’administration de ma clinique de santé primaire communautaire.

D’après votre expérience, pouvez-vous nous donner des conseils sur la façon de passer de la vie d’étudiant du supérieur à la vie de travailleur à temps partiel ou à plein temps ?

Ça, c’est plus difficile. Revenir à un travail à plein temps, de neuf à cinq, cela exige un énorme ajustement, surtout lorsque l’on a de jeunes enfants. J’avais beaucoup plus de temps et de flexibilité lorsque j’étais étudiante et candidate au doctorat. Au bout de trois ans, je n’ai toujours pas trouvé l’équilibre qui me conviendrait entre le travail et la maison. J’essaie à la place de définir plus clairement les limites. J’apprends à dire « non merci » plus souvent. Il y a aussi le fait que c’est très différent de travailler en équipe. L’université est fermement orientée vers l’accomplissement individuel, tandis que les lieux de travail alternatifs à l’université sont beaucoup plus régis par les relations interpersonnelles. Le réseautage est essentiel, tout comme les valeurs d’organisation telles que le travail en équipe et le service. Enfin, le rôle d’un agent de la fonction publique est de travailler pour les parties intéressées du public que l’organisation est vouée à servir. On doit apprendre à penser au monde extérieur la plupart du temps et renoncer à la réflexion intériorisée que les études universitaires exigent et privilégient.

Comment êtes-vous parvenue à équilibrer vos préférences personnelles, par exemple les villes où vous préfériez vivre ou non, les institutions ou les entreprises dans lesquelles vous vouliez travailler ou non, avec la nécessité de trouver un travail et d’acquérir de l’expérience ?

Pour ma part, je devais rester à Saskatoon, cela n’était pas négociable. Aussi, quoi que je fasse après mon post-doc, j’allais rester à Saskatoon. J’étais prête à être flexible et à chercher dans d’autres domaines dignes d’intérêt, peut-être à retourner dans la fonction publique fédérale.

À la fin de vos études, qu’auriez-vous aimé savoir au sujet de la recherche d’emploi ?

Pour ceux qui ont des enfants – mon seul regret est d’être retournée au travail très peu de temps après la naissance de mon second enfant. Je dis toujours que j’ai décroché le travail de mes rêves cinq ans trop tôt ! Mais, en tant que famille, nous essayons de faire en sorte que ça marche, parce que c’est un immense privilège de travailler dans mon domaine et pour les gens de la Saskatchewan.

2- Le secteur public

a.    Le domaine

On peut travailler dans le secteur public au niveau fédéral, provincial, local, pour des organismes à but non lucratif et pour des syndicats. Vous pouvez y trouver du travail en tant qu’historien, chercheur, analyste politique ou lobbyiste, entre autres. Là, votre expérience de travail sur les documents historiques et vos capacités de recherche, d’analyse et de rédaction pourront s’appliquer à des problèmes spécifiques et à des projets politiques. En tant qu’agent du service public, on vous demandera de synthétiser des informations, de proposer des recommandations, de rédiger des projets et des directives de politiques publiques. Dans ce secteur, une langue seconde sera un atout, l’anglais si vous travaillez pour le gouvernement fédéral ou des gouvernements provinciaux, et une langue autochtone si vous travaillez avec un groupe communautaire ou un organisme à but non lucratif.

Comme dans tout autre secteur, vous devriez vous créer un réseau et en apprendre le plus possible sur le domaine que vous envisagez. Il vous sera essentiel de nouer des relations personnelles, par l’intermédiaire de quelqu’un que vous connaissez ou d’une personne ayant un métier intéressant. Les personnes qui travaillent déjà dans ce domaine peuvent vous donner une bonne idée du travail quotidien dans leur département ou leur ministère. Grâce à ces relations, vous pourrez également vous tenir au courant des ouvertures de postes. Les contrats et les emplois étudiants dans ces domaines peuvent vous mener à des postes significatifs plus tard.

Les historiens ayant des postes gouvernementaux soulignent l’importance d’adapter votre CV aux compétences requises dans les offres d’emplois. Évoquez chacune des qualifications essentielles dans vos lettres et votre CV. Il arrive parfois que les agences gouvernementales vous demandent de remplir un questionnaire plutôt que de rédiger une lettre de candidature. Là, vous devrez fournir un compte rendu détaillé et spécifique de votre expérience et de la façon dont elle correspond à l’emploi proposé. Des exemples de recherche, d’enseignement, d’organisation de conférences, de travail sur des comités syndicaux et autres y compteront pour beaucoup. La plus grande difficulté sera de raconter ces expériences : racontez une histoire qui prouvera que vous avez sérieusement songé à la fonction proposée et qui évoque ce que vous pouvez apporter. Julien Labrosse nous a gentiment procuré ses réponses à un tel questionnaire, et vous les trouverez dans la section du guide consacrée au CV.

Durant l’entrevue d’embauche, il est possible que l’on vous soumette à un test de langue. Les exigences linguistiques seront mentionnées dans l’offre d’emploi selon un code de lettres (CBC, BBB, etc.). Vous trouverez un guide à ce sujet, des exemples de tests et une explication des codes sur le site Internet de la Commission de la fonction publique[2]. Il est possible qu’une formation linguistique soit proposée dans le cadre de cet emploi ; cela varie en fonction des institutions ou des ministères.

b.    Outils pour la recherche d’emploi

–       Programmes de recrutement de la fonction publique (fédérale) : https://www.canada.ca/fr/commission-fonction-publique/emplois/services/recrutement.html

–       Programme d’emplois pour les étudiants (fédéral) : https://www.canada.ca/fr/services/emplois/opportunites/etudiants.html

–       Pour les programmes d’emplois provinciaux et territoriaux, entrez les mots clés « fonction publique » et votre province/territoire.

–       Charity Village: https://charityvillage.com/

–       Organisations à but non lucratif : https://workinnonprofits.ca/

c.    Profil professionnel : Alison Norman

Quel est votre rôle actuel ?

Je suis historienne pour la province de l’Ontario. Je donne des avis au sujet de l’histoire et je réponds aux questions concernant l’histoire des Autochtones de l’Ontario pour des agents de tout le gouvernement. Le cœur de mon travail est de mener des recherches pour des revendications territoriales, ainsi que d’éduquer le personnel gouvernemental sur l’histoire autochtone. On a grandement besoin de ce type de travail, et il y a un intérêt grandissant de la part du personnel qui veut en savoir davantage, ce qui rend mon travail si gratifiant. Je gère également la bibliothèque de mon ministère.

Quels diplômes avez-vous ?

Un baccalauréat (avec matière principale en histoire), une maîtrise en histoire, un baccalauréat en éducation (intermédiaire/secondaire, histoire et géographie), et un doctorat en histoire.

Avez-vous travaillé durant vos études, et si oui, vos emplois avaient-ils un lien avec votre diplôme ?

J’ai eu plusieurs emplois, certains en rapport avec mes études, d’autres non. Parmi les emplois les plus importants que j’ai occupés, il y a eu une expérience de travail d’été dans un programme financé par le gouvernement fédéral, dans une société historique ; un emploi d’agente des griefs dans mon syndicat universitaire pour les auxiliaires d’enseignement et le personnel contractuel ; et j’ai siégé au conseil d’administration d’une société historique provinciale (de pair avec des contrats de chargée de cours, d’assistante à la vie en résidence et de travail contractuel).

Quand avez-vous commencé à postuler pour des emplois correspondant à votre dernier diplôme ?

J’ai commencé à envoyer des réponses à des offres d’emploi durant mon postdoctorat. J’ai envoyé quelques candidatures pour quelques postes universitaires, mais la plupart concernaient des emplois hors de l’université, et je cherchais des offres de différents organismes et du gouvernement.

Pouvez-vous nous dire brièvement quel est l’outil de recherche ou le programme universitaire de soutien (le cas échéant) que vous avez trouvé utile dans votre recherche d’emploi ?

Honnêtement, le meilleur outil est le réseautage. Les relations, c’est avec ça que j’ai abordé le marché du travail.

Pouvez-vous décrire brièvement la compétence qui a été décisive dans votre candidature à votre poste actuel ?

C’est moins une compétence qu’un désir sincère d’utiliser mes connaissances en histoire et mes capacités de recherche pour contribuer à la résolution de griefs historiques (en tant que partie du processus des revendications territoriales en Ontario). Je voulais vraiment, vraiment, que mon savoir soit utile quand je cherchais du travail hors du monde universitaire.

D’après votre expérience, pouvez-vous nous donner des conseils sur la façon de faire passer des compétences issues du diplôme à un travail hors de l’université ?

Suivre le conseil habituel : transformer un CV en un bref exposé (un résumé) en condensant tout ce qui concerne les publications et l’enseignement, etc., mais aussi en mentionnant clairement les résultats. Ne vous contentez pas de dresser la liste de ce que vous avez fait en tant qu’assistant de recherche pour un professeur. Dites que vous avez mené des recherches qui ont abouti à des publications et à des communications dans des conférences. Les résultats sont importants pour les personnes chargées des embauches de personnel.

Comment êtes-vous parvenue à équilibrer vos préférences personnelles, par exemple les villes où vous préfériez vivre ou non, les institutions ou les entreprises dans lesquelles vous vouliez travailler ou non, avec la nécessité de trouver un travail et d’acquérir de l’expérience ?

J’ai décidé, à un niveau personnel, que je ne voulais pas changer de ville, bien qu’il soit heureux qu’il s’agisse d’une grande ville qui présente beaucoup d’opportunités. La géographie était d’une importance primordiale. J’ai répondu à toutes sortes d’offres d’emplois ici, où je pensais que je pourrais utiliser mes compétences et mes connaissances, et où un employeur potentiel pourrait trouver que mon CV avait de la valeur.

À la fin de vos études, qu’auriez-vous aimé savoir au sujet de la recherche d’emploi ?

À quel point il est nécessaire d’accumuler de l’expérience de travail hors de l’université. Dès le premier jour, partez du principe que vous n’aurez pas forcément un poste universitaire, et agissez en conséquence. Aussi, je n’avais pas la moindre idée qu’il existait des emplois tels que celui que j’occupe actuellement. Je n’imaginais pas pouvoir utiliser l’histoire pour avoir un impact réel sur le monde, que je pourrais poursuivre mon travail d’enseignement de l’histoire des Autochtones, mais auprès d’agents gouvernementaux au lieu d’étudiants à l’université, et que je pourrais poursuivre mes recherches, publier et participer à des conférences avec cet emploi au gouvernement. Je suis ravie d’avoir atterri ici !

3- Archives et bibliothèques

a.    Le domaine

En approchant de leur diplomation, la plupart des historiens sont familiarisés avec le travail essentiel de collectionnement, de conservation et de mise en circulation de l’information que fournissent les archives et les bibliothèques. Mais bien que votre connaissance de l’histoire et votre expérience en recherche puissent vous en donner un bon aperçu, vous devez savoir que de nombreux emplois de ce domaine exigent une formation spécialisée, la maîtrise en bibliothéconomie et sciences de l’information (MBSI). Dans la liste des sites d’offres d’emploi ci-dessous, vous trouverez de nombreuses annonces de ce domaine pour des emplois dans l’enseignement, les programmes publics et de communication, la conservation muséale, la gestion de données et la gestion des droits d’auteur.

Tout comme les musées, les grandes institutions fédérales, provinciales et municipales peuvent être spécialisées, certains membres du personnel étant affectés à certains secteurs particuliers (par exemple, la littérature enfantine ou les registres publics), certaines ayant une thématique précise (l’économie, le sport), voire certains types d’actifs (numérique, livres, artefacts). Les organismes plus petits peuvent exiger de vous que vous travailliez sur la gestion des archives en même temps que sur la communication avec le public.

Certains emplois de gestionnaires des archives et des collections sont placés sous l’égide du programme Jeunesse Canada au travail ! dont fait partie l’Association des musées canadiens. Ces emplois rémunérés procurent une expérience de travail en archives et n’exigent pas, en général, d’avoir une MBSI. De tels programmes vous donnent l’opportunité d’essayer différents types d’emplois et de vous créer un réseau avec des gens de la profession. Si vous vous intéressez à ce domaine, vous devriez en parler à votre directeur d’études, pour voir s’il existe des cours optionnels tels que des lectures dirigées qui vous permettraient de travailler avec des bibliothécaires ou des archivistes.

Si vous êtes intéressé à travailler dans ce domaine, familiarisez-vous avec les problèmes et les débats actuels qui s’y déroulent. Vous pouvez trouver de l’information à ce sujet sur les sites Internet ou les chaînes des médias sociaux d’organismes tels que l’Association canadienne des archivistes (https://archivists.ca), les associations provinciales d’archivistes, le National Council for Public History (https://ncph.org) et la revue The American Archivist (https://americanarchivist.org).

b.    Outils pour la recherche d’emploi

·      Partnership Job Board : https://partnershipjobs.ca/jobs

·      Canadian Association of Archivists Job Board : https://archivists.ca/Job-Opportunities

·      iSchool Job Site : https://ischool.utoronto.ca/job-site/

c.    Profil professionnel : Sarah Glassford

Quel est votre rôle actuel ?

Je suis responsable de la petite unité des archives et collections spéciales d’une bibliothèque universitaire, qui abrite des collections relatives à l’histoire de l’université et de la région. Je travaille de façon autonome à la conservation des documents et je les rends accessibles. Je suis en relation avec les donateurs pour l’acquisition de documents, puis ensuite je les sélectionne, les catalogue et les conserve. Je conçois des moyens de faire découvrir nos documents, je m’assure que nos lieux de conservation soient sûrs et stables sur le plan des conditions de température et d’humidité, et j’aide les chercheurs à trouver ce dont ils ont besoin. Je siège également sur des comités liés aux archives et au travail patrimonial ; je sers de figure publique des archives et je plaide pour qu’on leur consacre les ressources qui leur sont nécessaires.

Quels diplômes avez-vous ?

Un baccalauréat (à dominante histoire et anglais), une maîtrise en histoire, un doctorat en histoire, et une maîtrise en bibliothéconomie et sciences de l’information.

Avez-vous travaillé durant vos études, et si oui, vos emplois avaient-ils un lien avec votre diplôme ?

Lors d’une session d’études, j’ai effectué un stage dans des archives, qui était en lien direct avec mon objectif de devenir archiviste. J’ai travaillé bénévolement dans des archives, avant et pendant mes études de bibliothéconomie, ce qui a été tout aussi important. Le travail bénévole est tenu en haute estime dans le domaine de la bibliothéconomie et sciences de l’information.

Quand avez-vous commencé à postuler pour des emplois correspondant à votre dernier diplôme ?

J’ai commencé à postuler pour des emplois à plein temps en archives durant mon dernier semestre de MBSI.

Pouvez-vous nous dire brièvement quel est l’outil de recherche ou le programme universitaire de soutien (le cas échéant) que vous avez trouvé utile dans votre recherche d’emploi ?

Au Canada, les deux grands outils de recherche pour des emplois dans le domaine des bibliothèques et des sciences de l’information sont le Partnership Job Board (https://partnershipjobs.ca/) – qui couvre l’intégralité du Canada – et le site Internet iSchool de l’Université de Toronto (https://ischool.utoronto.ca/job-site/), qui est davantage centré sur l’Ontario, mais qui couvre aussi le Canada.

Pouvez-vous décrire brièvement la compétence qui a été décisive dans votre candidature à votre poste actuel ?

L’organisation et la capacité de gérer de grands projets en étant peu ou pas supervisé sont incontournables pour réussir dans ce domaine. Le fait que j’aie obtenu des diplômes d’études supérieures en histoire m’a donné un avantage sur les autres candidats, parce que cela signifiait que je comprenais et aimais le passé et les chercheurs qui l’étudient.

Si vous enseignez, ou faites encore partie de l’université, pouvez-vous décrire le processus de candidature et la façon de débuter dans cette carrière ?

Pour mon emploi actuel d’archiviste dans une bibliothèque universitaire, j’ai soumis une lettre de présentation de deux pages, un curriculum vitae de six pages et trois lettres de référence. Mon entrevue comprenait une présentation publique sur un sujet imposé, des rencontres avec les administrateurs de la bibliothèque, une entrevue formelle sous forme de table ronde et un lunch avec les membres du comité d’embauche. (Il est assez fréquent qu’il y ait aussi une composante pratique, comme rédiger une notice de référencement archivistique conforme aux règles canadiennes pour la description d’archives – RDDA – mais cela ne faisait pas partie de cette entrevue d’embauche.) Une fois engagée, on m’a laissée seule pour que je me familiarise avec les archives et que j’établisse mes propres priorités. J’ai mis mes compétences en histoire à l’œuvre en effectuant des entrevues avec les anciens membres du personnel en retraite, afin qu’ils me renseignent sur les origines et l’évolution de mes archives pour que je puisse m’en servir pour aller plus loin.

D’après votre expérience, pouvez-vous nous donner des conseils sur la façon de passer du travail universitaire à un travail dans le secteur public ou privé ?

Il m’a été difficile de raccourcir mon curriculum vitae pour l’adapter au style BIS, parce que cela me donnait l’impression d’effacer ces années et ces expériences. J’ai concentré ma candidature sur mes compétences en archivistique, mais j’ai signalé l’existence de mes accomplissements universitaires en me présentant comme une candidate « à valeur ajoutée » en raison de ma précédente carrière d’historienne.

Comment êtes-vous parvenue à équilibrer vos préférences personnelles, par exemple les villes où vous préfériez vivre ou non, les institutions ou les entreprises dans lesquelles vous vouliez travailler ou non, avec la nécessité de trouver un travail et d’acquérir de l’expérience ?

Je n’avais pas d’obligations familiales, aussi je n’ai répondu qu’aux offres d’emplois dans lesquels je pouvais m’imaginer avec bonheur, et je n’ai posé que très peu de limites en ce qui concerne les lieux ou les types d’institutions.

À la fin de vos études, qu’auriez-vous aimé savoir au sujet de la recherche d’emploi ?

J’aurais aimé savoir que beaucoup de gens vivent un grand changement de carrière à un moment ou à un autre de leur vie (comme cela a été mon cas). Nous sommes inondés de messages culturels nous disant de suivre nos rêves et de ne jamais abandonner, mais l’on ne parle pas assez du fait que bien que l’on ne soit pas toujours capable de gagner sa vie en faisant ce que l’on aime le plus, ce n’est jamais la seule et unique chose que l’on peut aimer faire. Les gens intelligents, créatifs et instruits (c’est à vous que je parle, diplômés en histoire !) ont en général plus d’options qu’ils ne l’imaginent.

4- Le secteur privé

a. Le domaine

Cela vous étonnera peut-être d’apprendre qu’il existe des emplois en histoire dans le secteur privé. Certaines entreprises engagent des historiens pour mener des recherches en archives dans le cadre de procédures juridiques, de projets d’histoire publique et de recherches ethnographiques et commerciales sur le comportement humain. Dans ces fonctions, vous aurez recours à la recherche en archives, à la gestion de données, à l’histoire orale et aux compétences techniques que vous aurez acquises lors de vos études supérieures afin de documenter des revendications territoriales, argumenter des communications publiques pour des communautés et des institutions, et comprendre les désirs des consommateurs. N’ayez pas peur du secteur privé ! On peut faire un travail épanouissant sur le plan intellectuel en appliquant les méthodes historiques aux projets contemporains. Vous pourrez avoir un impact sur la façon dont le grand public comprend le passé, assouvir votre curiosité au sujet du vécu des gens, et travailler en équipe à rédiger des études de cas, des dossiers juridiques, des sites Internet, des livres, des films et des expositions.

Chercher du travail dans ce domaine exigera que vous vous renseigniez sur différentes entreprises, leurs approches méthodologiques et leur clientèle. Certaines entreprises se spécialisent dans les revendications territoriales autochtones, d’autres peuvent réaliser des travaux ethnographiques sur les expériences en santé. Vous désirez peut-être trouver un emploi qui soit fortement en rapport avec votre spécialisation de recherche. Faites attention également aux intitulés du poste. Les termes utilisés pour décrire le travail dans ce domaine sont variables : ethnographe, chercheur associé, analyste, analyste stratégique. Examinez soigneusement les compétences requises dans les annonces et établissez des parallèles avec votre expérience. Tout comme les universités, les différentes entreprises utilisent différents mots pour désigner des méthodologies similaires.

Dans le secteur privé, il est probable que vous deviez travailler en équipe et que votre travail s’applique à un projet spécifique. Vos paramètres de recherche seront établis en fonction des besoins de votre client, des objectifs exigés et du budget. Comme dans les diverses fonctions gouvernementales, la rédaction pour des clients du secteur privé sera différente. Vous aurez probablement à rédiger des documents et des produits pour le grand public et pour des experts juridiques, et vous devrez adapter vos écrits à ces destinataires. Il peut y avoir de la place pour la créativité dans ces fonctions, en ce que vous aurez peut-être à transcrire des aperçus historiques pour un documentaire, un projet numérique ou une exposition. Il peut être passionnant de découvrir de nouvelles manières de donner vie à l’histoire !

Les historiens qui travaillent dans le secteur privé font partie de réseaux professionnels différents. Le National Council for Public History dispose d’une section de ressources dédiées aux consultants[3] et aux praticiens de l’histoire. C’est un bon endroit pour commencer si vous voulez mieux comprendre ce domaine. L’Association canadienne d’experts-conseils en patrimoine[4] représente une autre source à consulter pour de l’information sur ce type de travail. Ici, comme dans tout autre domaine, il est important d’aborder la recherche d’emploi avec une bonne compréhension des priorités, des méthodes et des protocoles de l’entreprise à laquelle vous soumettez votre candidature. Montrez que vous vous êtes efforcé de comprendre de quelle façon vous pourrez apporter une contribution à l’équipe.

b.    Outils pour la recherche d’emploi

·      Les annonces dans ce domaine ne se trouvent pas toutes au même endroit.

o   Consultez les sites Internet de certaines entreprises en particulier, ou contactez leur département des ressources humaines pour savoir comment soumettre votre candidature.

o   Consultez LinkedIn et d’autres sites de recherche d’emploi pour trouver des intitulés de postes particuliers.

o   Contactez des personnes qui travaillent dans ce domaine pour vous renseigner sur la façon dont elles ont trouvé ce travail.

c.    Profil professionnel : Ryan Shackleton

Quel est votre rôle actuel ?

Je suis le directeur de Know History. Ma fonction la plus importante est le développement commercial, c’est-à-dire trouver des clients disposés à payer pour de l’histoire. Ensuite viennent la gestion des finances, la comptabilité, l’exploitation et la gestion du personnel. Je ne travaille pas beaucoup en histoire, sauf à très haut niveau, pour dire « voilà où nous voulons aller, voici le type de projet que nous allons mettre en œuvre, voilà ce que veut le client ». Cela vient de vingt ans d’expérience de mise en œuvre de projets. Dans ma vie, j’ai réalisé, probablement, 400 projets. Chacun est différent, mais on commence à discerner les points communs entre eux et ce qui est nécessaire à un projet.

Quels diplômes avez-vous ?

Un baccalauréat et une maîtrise en histoire de l’Université Carleton.

Quand avez-vous commencé à être consultant en histoire ?

À l’université, j’ai commencé à avoir des contrats de recherche en histoire et j’ai vraiment aimé cela. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai travaillé pour un certain nombre de grandes agences de consultation en recherche où j’ai fini par faire du développement commercial. En fin de compte, je me suis décidé : « je crois que je vais lancer ma propre entreprise ». Je voulais une entreprise qui se consacre vraiment à ses employés. Ayant cela en tête, j’ai fondé Know History en 2011. La compagnie a vraiment grandi depuis son lancement. Nous n’avions jamais eu l’intention d’atteindre plus de cinquante employés. Nous avions toujours pensé que si nous pouvions aller jusqu’à vingt, ce serait la taille idéale. Mais ça a comme explosé. À présent nous avons deux bureaux, l’un à Ottawa, l’autre à Calgary, ainsi qu’un membre du personnel à Toronto. Les coûts sont tellement élevés à Toronto que nous sommes dans un espace de cotravail en ce moment. Nous essayons maintenant de ne pas grandir davantage et de nous maintenir à environ cinquante employés.

Pouvez-vous mentionner une compétence que vous avez acquise ou perfectionnée lors de vos études supérieures et à laquelle vous devez votre réussite ?

Je n’étais pas un très bon étudiant. Je pouvais à peine écrire. Je ne dis pas cela pour plaisanter ou pour me dénigrer. J’ai passé beaucoup de temps à travailler à mon écriture et à prendre des cours pour écrire en bon langage et me perfectionner pour atteindre un niveau passable. L’une des choses que j’ai apprises d’un mentor, c’est de rédiger méticuleusement. Lorsque mon mentor envoyait des rapports écrits, ils étaient toujours absolument parfaits. C’est une chose que j’ai mise au premier plan à Know History. L’aptitude d’écrire clairement, dans un beau langage, est plus importante que tout. L’autre compétence forte que je crois vraiment nécessaire, et qui se perd actuellement, c’est la capacité de naviguer dans les archives. C’est une réelle compétence que de savoir se servir des instruments de recherche et pas seulement d’un mot-clé.

Peut-on apprendre l’histoire publique en cours ou est-ce quelque chose qui ne s’acquiert qu’en s’immergeant dans le lieu de travail ?

Sortir de l’université avec une maîtrise ou un doctorat, c’est un prérequis minimum à l’heure actuelle. Ensuite on commence l’apprentissage sur le tas. Lorsque nous cherchons du personnel, nous recherchons quelqu’un qui soit désireux d’apprendre, de travailler en équipe, et qui se passionne pour l’histoire. Contrairement à l’université où on se lance seul dans l’écriture d’un livre, où on finit seul un doctorat en quatre ans, dans la consultation historique on a des réunions hebdomadaires et on collabore sans cesse avec les autres. Aussi, l’aptitude la plus importante de tous les membres du personnel, c’est leur capacité de travailler en équipe – et d’être parfois un soutien, parfois un meneur.

Je crois que l’autre chose que fait l’université, c’est de donner aux gens des horaires flexibles. S’assoir à un bureau huit heures par jour demande beaucoup d’efforts pour réellement se concentrer et faire du bon travail. Je crois que quelques-unes de ces compétences fortes, c’est d’être devant un ordinateur et de s’impliquer toute la journée, voire même simplement de savoir rédiger correctement un courriel, de faire face à des situations de ce genre. Il s’agit d’une immersion totale, et je ne crois pas que les universités puissent réellement bien enseigner cela. Certains programmes sont définitivement meilleurs que d’autres. Et certains individus y parviennent plus naturellement que d’autres.

Comment les historiens qui travaillent dans les universités (et à la SHC) pourraient-ils mieux intégrer les différentes façons de faire de l’histoire, ou de travailler en histoire ?

J’ai beaucoup d’idées à ce sujet. Je crois que la SHC n’a pas vraiment de rapport avec l’histoire publique au Canada. Know History emploie cinquante personnes et nous faisons cinq millions de dollars par an de chiffre d’affaires. Habituellement, la taille de nos projets varie de 60 000 à 500 000 dollars. Ce sont des chiffres que le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) recherche dans des organisations. Nous avons également publié trois livres cette année. Ce que je veux dire, c’est que l’histoire se produit hors du monde universitaire autant qu’à l’intérieur de celui-ci. Souvent, je pense, l’université a besoin qu’on lui rappelle que l’histoire se produit dans tous les secteurs. Les expositions muséales, par exemple, peuvent mettre des milliers de gens en contact avec l’histoire. Je pense vraiment qu’il y a de la place pour l’histoire « académique », mais nous avons besoin de formations extérieures à cela.

À ce sujet, le département d’histoire publique de l’Université Western est un excellent exemple du type de travail que j’aimerais voir dans les institutions universitaires. Nous sommes en train d’y créer une bourse d’études afin de recruter leurs meilleurs étudiants tous les ans. Actuellement, ils placent leurs étudiants sur le terrain pour qu’ils puissent se former dans les systèmes d’informations géo-historiques, ils les forment dans la gestion de bases de données. Tous les étudiants de Western, donc – et nous avons quelques diplômés qui nous arrivent avec ces compétences fortes que l’on peut utiliser. Je ne crois pas que cela se fasse dans les formations habituelles en histoire. Il y a de l’emploi au-dehors, et je crois qu’on peut tout à fait réussir à en vivre. Vous pouvez réaliser des projets extraordinaires. Vous pouvez voyager dans tout le Canada ou les États-Unis et vous impliquer sans cesse. L’université n’est pas l’unique option et, en fait, il semble qu’il y ait davantage de possibilités de carrière en dehors de cette tour d’ivoire.

Que recherchez-vous chez un membre de votre équipe à Know History ?

Je pense que l’une des qualités que nous recherchons chez tous les membres de notre équipe, c’est l’attention au détail, car les choses doivent être parfaites quand on travaille sur le type de contrats que l’on nous offre. J’ai remarqué que cela n’est pas toujours enseigné lorsque l’on rédige un grand essai théorique. Dans beaucoup de contextes universitaires, on examine de grandes idées, mais pour nous, tout porte sur l’exactitude des faits et des notes de bas de page, surtout si la recherche porte sur une documentation juridique qui sera présentée devant un tribunal.

Quelle sera l’évolution de la consultation historique au cours des dix prochaines années ?

L’histoire devient définitivement numérique ; en fait, nous venons tout juste de promouvoir quelqu’un au poste de directeur de l’histoire numérique. Nous travaillons même avec une compagnie des environs de Vancouver pour concevoir des logiciels spécifiques pour nos clients. Aussi, l’histoire est vraiment en train de passer au numérique et, qu’il s’agisse de flux de travail électroniques, de la production de documentaires ou de travaux d’histoire orale, c’est vers cela que tout le monde se dirige. Mais il faut aussi que les historiens aient la personnalité qui convienne pour entrer dans les communautés et faire de l’histoire orale, et être conscients de ce qu’ils font.